Hello 🌳
Ça y est c’est officiellement l’automne, la pluie est de sortie et c’est l’heure de cuisiner de délicieuses tartes aux pommes. Mais saviez-vous qu’une pomme issue de l’agriculture classique reçoit en moyenne 36 traitements chimiques avant d’arriver chez vous ?
Ça fait beaucoup.
Justement aujourd’hui, on va parler du sujet tant controversé que sont les pesticides chimiques.
Entre nouvelles réglementations qui en interdisent certains, puis propositions de loi acceptées qui les remettent de nouveau sur le marché (salut le glyphosate et les néonicotinoïdes)… On se demande sur quel pied danser.
Est-ce qu’on peut vraiment s’en passer ?
Quelles sont les alternatives pour protéger la biodiversité, les rendements et la santé de tout le monde ?
PS : C’est la 50ème newsletter 🎉 Je ne pensais pas en écrire autant en lançant la première 😅
Vamos,
Gaël
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🦠À chaque problème, son pesticide
Déjà, pourquoi est-ce qu’on utilise ces produits chimiques ?
Tout simplement pour protéger les cultures des bioagresseurs.
Derrière ce nom un peu barbare se cache :
Les insectes, les nuisibles comme les rongeurs, les escargots, les limaces, les oiseaux…
Les maladies comme les champignons, les bactéries, les virus.
Les plantes adventices, un terme savant pour parler des “mauvaises herbes”.
Bref, tout ce qui ne fait pas partie de la culture doit disparaître pour éviter les pertes.
Et dans l’agriculture intensive d’aujourd’hui, qui a pour objectif de nourrir le pays (et d’exporter le plus possible ses productions), le rendement doit être maximal.
Même si ça se fait au détriment de la santé humaine, des sols et de l’environnement.
Ces pesticides chimiques sont utilisés depuis les années 1950 pour intensifier la production agricole et améliorer la qualité sanitaire des produits. Certains pesticides sont donc utilisés APRÈS récolte pour allonger la conservation, notamment lors du stockage et du transport.
🔎Si vous n’étiez pas là lorsque j’écrivais sur les raisons qui nous ont amenées vers ce système agricole, ça se passe ici.
Cette ambition de rendement s’accompagne en parallèle :
d’un choix de variétés qui donnent de fortes récoltes (mais qui ne sont pas forcément les plus résistantes aux aléas climatiques),
d’une mécanisation des outils de travail (salut les tracteurs et autres machines gigantesques),
d’une fertilisation chimique des sols.
Sauf que c’est un vrai cercle vicieux : moins les sols sont riches en biodiversité, plus les cultures sont fragiles. Les monocultures deviennent plus sujettes aux fameux bioagresseurs car ce sont les associations de plantes qui créent cet écosystème plus résistant.
En conséquence, on a jamais autant traité.
Pourtant, si vous demandez à Mamie, je suis sûre qu’elle vous dira de ne jamais mettre ensemble les carottes et les betteraves. En revanche, les tomates et le basilic sont meilleurs amis, et pas seulement avec de la mozza.
🧪Petite molécule, grand impact
Ce n’est pas une surprise si je vous dis que l’utilisation de ces substances chimiques pose problème sur de nombreux points.
C’est dangereux pour la santé des personnes qui les manipulent, des personnes aux alentours, pour l’eau, le sol, la qualité de l’air et plus largement pour toute la biodiversité.
Retour au temps des dinosaures
Contrairement aux 5 premières, la 6ème extinction de masse de la biodiversité est causée par l’activité humaine.
Rien que ça. Et ça fait froid dans le dos.
Les animaux, les insectes, les oiseaux et la flore disparaissent aussi rapidement que les dinosaures lors de la 5e extinction de masse il y a 66 millions d’années.
La faute à quoi ?
L’activité humaine qui s’étend et réduit comme peau de chagrin les espaces naturels et donc les habitats naturels.
Les pesticides qui tuent la biodiversité des sols et donc tous les écosystèmes qui y sont rattachés - comme les abeilles et les oiseaux… C’est d’ailleurs le 2e facteur responsable du déclin des insectes.
Les changements climatiques qui poussent certaines espèces à migrer et chercher à s’adapter ailleurs.
Cette extinction de masse concerne toutes les espèces, pas seulement celles en “voies d’extinction”.
Problèmes humains
Ces substances chimiques répandues sur les cultures causent aussi des problèmes sur notre santé.
Cela peut être immédiat avec des démangeaisons, des rougeurs ou des difficultés à respirer. Mais, plus souvent, cela provoque des maladies plus graves sur le long terme : infertilité, risques accrus de cancers, maladie de Parkinson…
Les molécules présentes dans les pesticides restent rarement à la même place. Elles s’infiltrent dans le sol, dans les cours d’eau environnants, dans l’air et sur les cultures.
🌱Objectif zéro pesticide en 2050
Ok Gaël, mais les maladies et les ravageurs nous font déjà perdre 40% de la production mondiale chaque année, alors est-ce vraiment possible de s’en passer ?
Oui ! Et ce n’est pas moi qui le dis, mais l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement).
L’INRAE a rassemblé +144 expert·es et expertises pour analyser cette question durant 2 ans.
Ils ont travaillé en lien avec l’Alliance Européenne de Recherche ERa Pesticides, et tous les résultats ont été présentés et débattus avec des citoyenn·es, des agriculteur·rices et des industriels de l’approvisionnement et de l’agroalimentaire, des ONG, des pouvoirs publics français et européen le 21 mars 2023.
Ça ne rigole pas. Et ce n’est en rien utopique.
Un monde sans pesticides est possible. La condition : des changements profonds dans le secteur agricole, mais également dans notre manière de consommer.
Le zéro pesticide ne peut pas se faire dans le modèle agricole actuel.
Tout est à repenser :
le paysage agricole
les approvisionnements agricoles
la commercialisation des récoltes
la transformation
la distribution des produits alimentaires
…
L’INRAE, après toutes ses recherches, a comparé 3 scénarios qui rendraient le zéro pesticide chimique possible.
Dans chaque situation, ils ont évalué :
les rendements (parce qu’il ne faut pas oublier la question de la sécurité alimentaire)
l’impact sur les échanges commerciaux.
les émissions de gaz à effet de serre
les trajectoires à mettre en place pour tendre vers ces possibles
les régimes alimentaires à adopter
Pour éviter de rentrer trop dans les détails techniques, je vous passe la description des 3 scénarios. Vous pouvez les retrouver ici.
Ce qui ressort de leurs analyses, c’est que le zéro pesticide est possible avec :
Une diversification des cultures et des paysages - les monocultures ne seront qu’un lointain souvenir.
Le développement du biocontrôle où l’objectif est d’accroître les connaissances sur les interactions entre plantes et microbiomes (les bactéries et champignons du sol).
La prévention et l’anticipation des maladies plutôt que le traitement lorsqu’elles apparaissent.
Des solutions numériques et des agroéquipements pour soutenir le travail des agriculteur·ices.
Des évolutions de nos régimes alimentaires
Et surtout : le choix de cultures et de variétés adaptées aux aléas climatiques, mais aussi à certains bioagresseurs.
Le zéro pesticide est possible à partir du moment où cette transformation devient enviable et n’est plus perçue comme une contrainte.
L’INRAE insiste en disant que la seule manière d’y arriver est d’avoir :
des politiques publiques européennes cohérentes entre elles
la mobilisation de chaque acteur et actrice de la chaîne de valeur (dont les consommateurs 👋)
le partage du risque entre les acteurs et actrices
Comme je l’ai mentionné dans d’autres éditions, il existe déjà d’autres manières de faire de l’agriculture. On peut bien évidemment nommer l’agriculture biologique, la permaculture qui s’inspire des écosystèmes naturels et l’agroforesterie.
Il devient urgent de ne plus dépendre des pesticides pour se nourrir.
Parce que c’est tout le reste qui meurt à grand feu.
Le marché des pesticides
Le tour d’horizon va être rapide : 4 grandes entreprises européennes et américaines dominent le marché :
Syngenta Group - 24% de parts de marché
Bayer (qui a racheté le “fameux” Monsanto) - 18% de parts de marché
Corteva - 16% de parts de marché
BASF - 13% de parts de marché
Bonne nouvelle (s’il en fallait une), Syngenta n’est plus côtée en Bourse depuis son rachat par un acteur chinois en 2017, donc aucun risque de la retrouver dans ton portefeuille.
Bayer et BASF ont grandement sous performées ces dernières années. Qui l’eut cru ?
La faute aux milliers de procès liés au glyphosate, aux nouvelles réglementations européennes et à une concurrence accrue dans le secteur.
S’il existe des sociétés travaillant spécifiquement sur de nouvelles solutions permettant d’anticiper ou de lutter contre les fameux bioagresseurs, je n’en ai pas trouvé sur les marchés boursiers.
À l’échelle de l’individu, le meilleur investissement pour tendre vers un monde sans pesticides consiste à revoir son mode de consommation et son régime alimentaire.
Conclusion
La biodiversité est un “système” où toutes les espèces sont interdépendantes, penser que notre société peut se priver de la “nature” est illusoire.
La transition du modèle agricole ne se fera pas en 1 jour, même les scénarios les plus optimistes de l’INRAE se déroulent sur plusieurs décennies.
Ce n’est pas souvent que mes newsletters ne terminent pas sur des pistes d’investissements mais, ici, je suis convaincu que c’est plus nos comportements qui permettront de changer la donne.
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1 : Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.