Hello 🌳
Oui, ça pique un peu ce retour au bureau sous la pluie !
Après tous vos excès de l’été, aujourd’hui on se désaltère avec de l’eau.
Parce que même si elle coule de source, ou plutôt de nos robinets, il est fort probable que dans quelques années on en manque (c’est déjà le cas lors de forts épisodes de sécheresse).
Et je ne dis pas ça pour rajouter une couche à votre blues de rentrée, mais selon les Nations Unies, d’ici 2050 on sera entre 2 et 7 milliards à être confronté·es à une pénurie d’eau douce.
La goutte d’eau sur le gâteau ? Tous les six mois il y a une polémique autour de sa pollution et sa potabilité.
Ah je sens que j’ai jeté un pavé dans la mare.
Dans cette édition on va voir ensemble :
Si l’eau que l’on boit est vraiment polluée.
Comment l’eau douce arrive dans nos robinets.
Les perspectives du secteur.
Deux solutions possibles pour faire face à la pénurie d’eau douce.
Allez, on se jette à l’eau ensemble.
Bonne lecture !
PS : merci à tous ceux qui ont pris le temps de répondre au questionnaire fin juillet 🙏 Ça va nous aider à améliorer la newsletter !
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💧Eau douce, une illusion ?
Le dernier scandale en date : l’eau serait remplie de polluants éternels, les fameux PFAS dont on entend beaucoup parler ces derniers mois.
Et c’est une réalité puisque ces PFAS se retrouvent dans les sources d’eau, c’est-à-dire dans les nappes phréatiques et les eaux de surface (lac, rivière…).
Que ça soit pour le bisphénol A, les pesticides, les nitrites, les solvants, les résidus de médicaments ou bien les fameux PFAS, 1/4 des 6 900 stations de contrôle dépassaient les seuils de contamination entre 2016 et 2023.
C’est une situation dramatique, sauf qu’il ne faut pas oublier que ces mesures sont effectuées avant le traitement de l’eau et sa potabilisation et donc avant son nettoyage.
L’eau que l’on boit est bien potable*, qu’elle vienne du robinet ou d’une bouteille.
En revanche, ces études doivent alerter quant à l’impact sur la biodiversité des milieux aquatiques, mais pas seulement.
💡 *Quand on parle de potabilité, on fait référence à des seuils à ne pas dépasser sur les différents polluants.
Ces seuils sont régulièrement critiqués, notamment pour ne pas prendre en compte les effets cocktails (mélange de différents polluants).
La notion de “potabilité” est donc évolutive dans le temps, à nous d’agir au quotidien pour qu’elle soit de plus en plus stricte.
De la nappe phréatique à l’eau du robinet : le petit (grand) cycle de l’eau
Quelques chiffres assez parlants :
L’eau recouvre 72 % de la surface du globe mais seuls 2,8% sont de l’eau douce.
Cette eau douce se trouve :
À 1/4 dans des réservoirs accessibles (lacs, rivières, nappes).
À 3/4 dans les glaces et les neiges permanentes. (Oups).
Surtout, l’eau est une ressource finie. C’est-à-dire que chaque goutte d’eau sur Terre existe déjà.
Oui, ça remet les idées au clair quand on oublie de fermer le robinet en se brossant les dents.
Même si, techniquement, ce n’est pas de l’eau perdue puisque cette dernière sera traitée avant d’être rejetée et puis recaptée. C’est ce que l’on appelle le petit cycle de l’eau (le grand cycle concerne la pluie et son évaporation).
Entre le moment où l’eau coule dans les nappes et l’instant où elle sort du robinet, elle en a fait du chemin :
L’eau est captée directement des rivières, lacs ou réservoirs ou bien elle est puisée par des forages pour les eaux souterraines.
L’eau passe par une station de traitement (il en existe 17 000 en France) et plusieurs étapes avant de devenir potable :
Le pré-traitement avec des grilles et tamis pour enlever les gros débris.
La coagulation et la floculation qui consiste à mettre un produit chimique pour agglomérer les petites particules en plus grosses pour les rendre plus faciles à enlever.
La décantation pour faire retomber ces particules.
La filtration avec des lits de sable pour enlever les particules fines.
La désinfection avec du chlore, de l’ozone ou des rayons UV pour tuer les micro-organismes pathogènes.
L’ajustement du pH pour éviter que l’eau soit trop alcaline ou acide.
Ensuite c’est l’heure du stockage dans de grands réservoirs ou des châteaux d’eau.
Puis c’est la distribution de l’eau qui se fait via un réseau d’eau complexe (et vieillissant) qui s’étend sur 956 000 km.
L’eau est contrôlée avec une surveillance continue pour s’assurer qu’il n’y a pas de contamination ou autre présence de produits chimiques, biologiques ou physiques.
Ensuite l’eau est collectée, traitée de nouveau - dans des stations d’épuration cette fois - avant d’être rejetée dans les milieux naturels.
Alors pourquoi est-ce qu’on nous bassine avec la pénurie d’eau s’il suffit de la traiter pour la réutiliser ?
La fin de l’abondance
La gestion de l’eau fait face à deux défis qui créent un effet ciseau :
L’augmentation de la demande en eau potable.
Une baisse de la disponibilité (surtout en été)
Entre 1920 et 2020 la population mondiale s’est multipliée par 4 tandis que la consommation en eau s’est multipliée par 6.
Voici comment se répartit la consommation d’eau douce au niveau mondial aujourd’hui :
70% pour l’agriculture
20% pour le secteur industriel
10% pour les particuliers (répartis très inéquitablement de 600L/jour en Amérique du Nord à 10L/jour en Afrique)
Et la crise climatique a le beau rôlede jouer sur les deux tableaux. Sympa !
L’impact du changement climatique c’est :
Une baisse des précipitations de -16% à -23% en France.
Une diminution des débits moyens des cours d’eau de -20% à -40%
Résultat : en 2019 : 67 % du pays était concerné par des mesures de restriction d’eau et 90 départements avaient des cours d’eau desséchés.
Pas besoin d’avoir fait Maths Sup pour voir que les chiffres ne sont pas bons. Effet ciseau, on vous a dit.
🤔Avoir plus d’eau, c’est possible ?
Pour ceux du fond de la classe qui n’ont pas suivi, on le répète : l’eau douce est une ressource finie.
Il faut donc apprendre à la partager.
Penser en cascade plutôt qu’en étoile
Aujourd’hui, tout le monde puise dans le même puits et rejette son eau au même endroit.
Une première alternative pour répondre à la demande tout en ayant une disponibilité moins importante est de penser les usages en cascades. Certains secteurs utilisant les “rejets” des secteurs précédents.
Par exemple, pourquoi utiliser de l’eau parfaitement potable pour la chasse d’eau, alors qu’une eau “grise”, issue de votre douche ferait très bien l’affaire ?
Ce genre de réflexion peut mener à limiter les consommations d’eau dans un domicile, mais également entre les secteurs d’activité. La logique étant de ne pas systématiquement “jeter” l’eau après sa première utilisation.
Questionner nos usages
Qui dit fin de l’abondance, dit également remise en question.
Pour l’agriculture, 1er secteur de consommation, cela commence par s’interroger sur le type de culture à semer dans les régions qui seront maintenant soumises plus fréquemment aux sécheresses estivales.
On sait que les céréales et notamment le maïs sont très gourmands en eau.
N’y a-t-il pas des cultures plus appropriées ?
🔁 D'ailleurs plus de 40% du maïs français est destiné à l'élevage.
Changer notre alimentation => changer les cultures => Diminuer les besoins en eau 😉
Et quelques fun fact, dans la série après moi le déluge :
La France est le 2ème pays avec le plus grand nombre de piscines
Lors de la dernière canicule, les golfs avaient le droit d’arroser leur green
Faire place à la technique
Les ingénieurs du premier rang n’ont pas loupé l’info : 69% de la planète est couverte d’eau non-potable.
Problème = Solution
🌊Dessaler l’eau de mer
Cette technique n’est pas nouvelle, même si l’on en entend de plus en plus parler, surtout en Espagne où les problématiques hydriques sont fortes.
Le secteur connaît d’ailleurs une croissance annuelle moyenne de 7,5 % depuis 2010.
Mais en quoi ça consiste exactement ?
Comme le nom l’indique, il s’agit de retirer le sel pour rendre l’eau de mer potable. Miam.
Bien évidemment, c’est plus complexe que cela.
Il faut enlever l’iode (en moyenne 35gr de sel par litre d’eau tout de même), les fines particules de matières organiques, mais aussi les algues et les micro-organismes de plastique avec des techniques assez énergivores.
Deux procédés de dessalement existent :
la technique thermique
l’osmose inverse
Le premier distille l’eau salée pour la rendre douce en la vaporisant à haute température. La vapeur ne contient pas de sel ; ces gouttelettes se condensent ensuite sur des parois froides avant d’être récupérées.
L’osmose inverse est un peu plus complexe. Il s’agit de filtrer l’eau à travers une membrane pour récupérer l’eau douce. Pour cela une forte pression doit être appliquée, surtout si la concentration en iode est forte.
Si techniquement c’est faisable, cela a un coût financier et environnemental.
Le coût financier varie entre 1€ et 9€/m3 en fonction de la technique utilisée et du coût de l’énergie sur place. A comparer avec un prix du m3 moyen de 4,2€ en France (toutes taxes comprises).
Côté environnement 1L d’eau dessalée c’est 1L de saumure rejeté dans les écosystèmes marins.
Plus chaude, plus salée et concentrée de produits chimiques, localement, elle impacte fortement les organismes marins, les algues et les mollusques.
C’est pour cela que le dessalement peut être une option dans certains cas de figures critiques à condition de prendre en considération son impact écologique.
Bref, ce n’est pas la panacée.
Le nettoyage des eaux usées aka la REUT
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) permet de donner une seconde vie aux eaux usées.
L’idée est de les traiter suffisamment pour qu’elles soient exploitables dans l’agriculture ou l’industrie sans aller jusqu’à la rendre potable.
Une sorte de pré-lavage quoi…
La REUT existe depuis les années 1980 lorsqu’il fallait trouver une solution pour arroser les cultures dans des régions qui avaient peu d’eau. Et depuis, le chemin parcouru n’est pas si grand.
Pourtant, ce n’est pas le potentiel qui manque : Le Centre d’Études sur l’Environnement et l’Aménagement (CEREMA) l’estime à 1,6 milliard de m3 par an.
Mais en 2017, seul 1% de l’eau traitée à l’échelle nationale était recyclée et sur les 128 cas de REUT, seuls 63 fonctionnaient.
À ce jour, 60% de ces projets de recyclage de l’eau visent le secteur agricole et 26% l’arrosage de terrains de golfs.
Pourquoi est-ce qu’on en est là ?
La difficulté quant à la rentabilité : entre les kilomètres de tuyaux à installer de la station d’épuration au lieu du projet, l’énergie utilisée pour l’acheminement et le besoin de traitement supplémentaire pour certaines cultures qui tolèrent mal l’eau trop salée à cause de nos urines… Le compte n’est pas bon.
La qualité nécessaire pour que l’eau recyclée soit pertinente à utiliser plutôt que l’eau douce des nappes phréatiques.
La redirection de l’eau réutilisée vers des projets qui questionnent (coucou l’implantation ou l’agrandissement des terrains de golf (encore eux)) ou l’irrigation de cultures issues de l’agriculture intensive plutôt que vers des projets socialement acceptés et qui ont réellement besoin de cette eau : soutenir les débits des cours d’eau en été, aider les projets agricoles moyens…
On va donc le répéter, il faut questionner les usages que l’on fait de l’eau dont on dispose actuellement.
Parmi les autres pistes : réduire les fuites d’eau du réseau français serait déjà une bonne idée ! Elles causent la perte d’1 milliard de m3 d’eau potable par an. Soit 20% de la production. Oui, c’est énorme.
Comment investir dans le secteur ?
Le secteur de l’eau est souvent mis en avant dans les démarches d’investissement responsables.
Un marché structurellement en croissance, avec un nombre d’acteurs relativement limités et ayant pour la plupart des quasi-monopoles…
En France, voici les trois principales entreprises qui interviennent sur ce secteur :
Véolia, acteur historique du secteur et le descendant de la Compagnie Générale des Eaux de Napoléon
SUEZ, deuxième acteur en France et descendant de la Lyonnaise des Eaux, il combine comme Veolia, gestion de l’eau et des déchets.
La SAUR, dernier grand acteur du marché français et spécialiste des services de gestion de l’eau potable.
Derrière de nombreuses PME sont sollicités comme fournisseurs ou sous-traitants de ces 3 grands groupes.
Au niveau international, les grands acteurs s’appellent Ecolab, Xylem, Toshiba Waters, CalgonCarbon ou encore Ecologix.
Il est relativement facile de trouver des fonds sur cette thématique du traitement de l’eau, comme par exemple :
Pictet Water
Thematics Water
L&G Clean Water
Toutefois, il n’est pas rare d’y retrouver des constructeurs de piscines, ou des vendeurs de système d’irrigation pour des golfs.
Comme toujours, le diable est dans les détails.
Conclusion
Voilà pour cette édition de rentrée.
Comme à chaque fois, dis-moi ce que tu en as pensé :
Pour finir sur une note poétique, je vous laisse avec les mots d’un fameux artiste martial : “J’adore l’eau, dans 20, 30 ans, y’en aura plus…”
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1 : Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.