Hello 🌳,
Depuis le début de l’année 2024, la colère des agriculteur·ices gronde et se manifeste de manière bien visible : blocage des autoroutes, déversement de fumier, de paille et de pneus sur certaines préfectures.
Aujourd’hui, je ne vous parle pas des revendications mais bien de comment on est arrivés à cette situation.
Quels sont les verrous qui rendent les changements si difficiles ?
Parce que l’agriculture est absolument essentielle à de nombreux égards, il ne faut pas la mettre de côté lorsque l’on parle des enjeux environnementaux.
Si l’écologie est présentée comme un frein et une contrainte à l’agriculture conventionnelle, c’est plutôt le rapport entre les deux qui est à repenser pour créer des modèles viables dans le futur.
Surtout, ce milieu est aux premières loges du changement climatique et des problèmes qui en découlent.
Analysons ensemble :
— Les raisons de cette colère.
— Les limites actuelles de l’agriculture industrielle.
— Les solutions possibles à notre échelle.
👋Deux messages avant de se lancer dans cette édition :
Je te donne RDV ce mardi 9 avril à 13h avec Aurore et Garance de Goodvest et Léa de Plan Cash pour parler de la check-list ultime de l’investisseur responsable. Pour s’inscrire, c’est par ici :
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Let’s Go,
Gaël 🌳
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Il était une fois… les bouleversements du système agricole
Le système agricole tel qu’on le connaît aujourd’hui s’est mis en place depuis le début de la société de consommation. Mais avant ça, retour en arrière.
Tout d’abord, il faut savoir que la France est restée un pays rural bien plus longtemps que sa voisine anglo-saxonne où l’industrialisation à la fin du 18e siècle impacta fortement les petits paysans. En France, l’exode rural se produit principalement lors des Trente Glorieuses (1945-1975) lorsque les ambitions du pays furent modifiées par la Seconde Guerre Mondiale.
Avant cette date on retrouvait principalement de la paysannerie de subsistance avec des petites exploitations cultivées à la force humaine et la traction animale. Rien de démesuré donc.
La guerre et l’ambition de reconstruction
Après la guerre, la France a pour ambition de reconstruire et de nourrir son pays et pousse la modernisation de l’agriculture.
Les paysans-agriculteurs, cultivateurs et éleveurs deviennent alors des exploitants agricoles.
Les paysages et les techniques agricoles sont transformés avec en ligne de mire, l’autosuffisance du pays.
1946 marque l’année de création de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique). Les petites fermes paysannes deviennent des entreprises agricoles.
La productivité et le rendement sont au cœur des objectifs.
Le tracteur remplace le cheval de trait, les engrais chimiques et les pesticides viennent booster les productions, les haies sont abattues et les parcelles sont regroupées pour créer des exploitations de plus en plus grandes.
Ainsi :
60 % des exploitations de moins de 20 hectares disparaissent entre 1967 et 1997.
Le nombre d’exploitations de plus de 50 hectares double presque sur la même période.
Les derniers recensements agricoles sont très parlants :
En 1988 on comptait 1 016 755 exploitations agricoles.
En 2000 on en comptait 663 807.
En 2015 on en dénombrait environ 400 000 et les prévisions tournent autour de 300 000 exploitations pour 2025.
Cette baisse du nombre d’exploitations ne rime pas avec moindres terres cultivées, mais révèle surtout l’agrandissement des exploitations.
Les agriculteur-rices se spécialisent, l’industrie agroalimentaire se développe et la PAC (Politique Agricole Commune - on y revient juste en dessous) vient booster le tout.
En deux générations, l’agriculture est devenue intensive, capable de produire beaucoup et à bas prix.
Les objectifs sont atteints, la France est devenue le principal producteur européen et 5ème exportateur agricole dans le monde.
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Notre alimentation est le principal contributeur de notre santé mais aussi le premier facteur de dégradation de nos conditions d’habitabilité.
C’est pour cela que financer la transition de notre système alimentaire, est une des thématiques centrales chez LITA.
Les investissements proposés vont :
Du champ : avec des campagnes comme ELOI qui connecte agriculteurs et repreneurs, ou encore en ce moment même Agriviva, un projet de légumerie du côté de Montpellier ou Terra Alter Natives un réseau de coopérative de production de fruits & légumes.
En passant par la transformation : avec Nous anti-gaspi, en levée en ce moment qui lutte contre le gaspillage alimentaire à tous les niveaux (on en parlait dans la dernière édition de circuit court)
Et jusqu'à notre assiette : avec notamment la campagne d’Omie, une épicerie pensée pour une agriculture régénérative et avec un modèle plus juste pour tous.
Vous l’aurez compris, les opportunités sont nombreuses pour changer de modèle agri-alim, alors rendez-vous sur LITA pour découvrir les dernières campagnes :
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Pour rappel, l'investissement participatif présente un risque de perte en capital et les rendements ne sont pas garantis.
La PAC : un mauvais pacte ?
La PAC, c’est la traduction au niveau européen de cette volonté de moderniser l’agriculture.
Créée le 25 mars 1957 mais rentrée en vigueur le 30 juillet 1962 la PAC avait, à son origine, plusieurs objectifs :
moderniser le secteur
développer et accroître la productivité
stabiliser les marchés
garantir la sécurité des approvisionnements
assurer des prix raisonnables aux consommateur·rices
C’est grâce à cette politique européenne, que la “Ferme France” a pu devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Mais, si la politique européenne en termes d’agriculture fait autant débat aujourd’hui c’est pour deux raisons principales :
01 - Le vote d’accords de libre-échange avec des pays qui n’ont pas les mêmes normes que nous. Ce qui revient à affaiblir certains secteurs agricoles comme la viande, mais en renforcer d’autres comme le vin et les spiritueux. (2) On peut citer le CETA (avec le Canada) ou encore des discussions avec le MERCOSUR pour le marché Latino-Américain.
02 - Les inégalités dans la distribution et la répartition des aides de la PAC. La PAC étant répartie en fonction du nombre d’hectares possédés, cela avantage forcément les gros exploitants. Le rapport du ministère de l’Agriculture de 2021 met le doigt sur cette concentration des terres en montrant que 20 % des agriculteur·rices français·es possèdent 52 % des terres agricoles et touchent 35 % des aides européennes. Les fermes plus petites sont mises en difficulté face à ces inégalités.
Le plafond de vert de l’agriculture industrielle
Si l’ambition était de reconstruire et nourrir la France à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, aujourd’hui les enjeux ne sont plus (du tout) les mêmes.
Cette nouvelle crise agricole se joue maintenant sur un fond de crise sociale, de crise économique et de crise écologique.
Faisons le tour des quelques contraintes du système actuel.
Épuisement des sols
Résultat d’une quête sans fin d’un meilleur rendement et d’une plus grande productivité, la biodiversité du sol a été décimée par des monocultures intensives et dépendantes des produits chimiques et des pesticides.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les sols cultivés ont perdu en moyenne 30 à 40 % de leur matière organique d'origine.
Et c’est un peu le serpent qui se mord la queue : moins les sols sont fertiles et productifs, plus on utilise des engrais et des intrants et plus la matière organique perd en fertilité.
Écologie VS agriculture : le clash
Dans un secteur ou les marges sont faibles (voir régulièrement négatives), une des premières craintes des agriculteur·rices sont les nouvelles normes écologiques. La PAC et son Pacte Vert pour les années 2023-2027 sont vues comme des menaces pour la productivité et le rendement agricole, synonyme de baisse de revenus et d’augmentation des importations.
L’obtention de l’allègement des normes environnementales demandé par les syndicats agricoles n’est pas une bonne nouvelle sur le long terme. Ni pour les exploitant·es, ni pour les consommateur·rices, ni pour l’environnement. (5)
Pourtant, la transition écologique ne doit pas être un frein à l’agriculture mais un moyen de repenser le modèle pour arriver à produire mieux et soyons fous avec moins d’inégalités sociales.
Un secteur fragile face aux aléas climatiques
L’agriculture est aux premières loges et subit de plein fouet les aléas climatiques actuels et à venir. Entre les sécheresses de plus en plus longues et les intempéries imprévisibles comme les inondations ou la grêle, le secteur est fragile et doit s’adapter pour devenir durable et viable.
Pour ceux qui travaillent la terre au quotidien, ces changements climatiques sont déjà bien visibles. Par exemple, la date des vendanges a lieu deux semaines plus tôt qu'il y a 20 ans en Champagne et dans les Vosges, les semis de blé sont effectués un mois plus tôt qu'en 1970, d’après les indicateurs créés par l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC),
Un secteur au bord de la retraite
En plus de toutes ces problématiques, l’agriculture est un des secteurs qui a connu la baisse la plus drastique d’emplois. À partir des années 1980 et jusqu’en 2019 nous sommes passés de 7,1 % de personnes en emploi travaillant dans l’agriculture à 1,5. Plus de la moitié est âgée de plus de 50 ans et seules 0,8 % des femmes travaillent dans le milieu agricole. (6)
Ce manque de remplaçants s’est traduit par un agrandissement continu des exploitations. Mais les limites sont atteintes aujourd’hui, les installations sont tellement grandes qu’il est très difficile de pouvoir les acheter pour s’y installer.
🤔On fait quoi maintenant ?
Bon, le constat n’est pas très joyeux. Mais, il reste des possibilités et de l’espoir !
L’alimentation nous touche tous et toutes, voici donc quelques actions et idées à mettre en place pour agir au quotidien.
On vote !
Eh oui, les élections européennes qui se déroulent en juin 2024 sont l’occasion de soutenir des partis qui remettent au centre une agriculture vertueuse et durable. Alors on sort sa carte d’électeur et on n’oublie pas la date du 9 juin où l’on votera pour les prochain·es 81 députés français·es qui siégeront au conseil Européen.
On fait les courses en conscience
Avec l’inflation, ce n’est pas toujours facile d’acheter des produits bio. Mais, ce n’est pas une fatalité pour votre alimentation. L’agriculture locale et de saison est d’autant plus pertinente quand il s’agit de préserver les écosystèmes et le vivant.
Les paniers AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) améliorent la qualité de son alimentation tout en soutenant les petites fermes locales. La récolte est payée à l’avance et chaque semaine vous recevez un panier de légumes frais. C’est l’heure de ressortir la recette de blettes de mamie !
L’achat direct à la ferme ou sur les marchés évite les intermédiaires et permet aux agriculteur·rices de vendre leur production à prix juste. C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur la saisonnalité des produits et donc d’acheter des légumes et des fruits à moindres frais car ils viennent d’à côté et sont de saison.
Pas de tomates ou de poivrons en hiver, mais il n’y a rien de plus satisfaisant que de cuisiner de nouvelles choses et de savoir que le soleil qui pointe le bout de son nez rime avec nouvelles denrées dans son panier.
On investit pour accélérer la transition écologique
Un des principaux freins à la transmission des fermes actuelles reste le prix des terres.
Les fermes se sont tellement agrandies que leur prix devient inaccessible pour celle ou celui qui n’en hérite pas.
Pour permettre à une nouvelle génération de s’installer, les investisseurs ont un rôle à jouer, notamment au travers des foncières comme Fermes en Vie, Terre de liens ou encore Terrafine.
Pour ceux déjà installés, passé d’un modèle “classique” à des pratiques agroécologiques peut mener à des pertes de rendement et donc de revenus.
Pour pallier ce problème, ReGeneration, avec l’aide de l’épargne des particuliers, apporte un soutien technique et financier aux agriculteurs motivés pour la mise en place d'une agriculture plus vertueuse, pour eux comme pour nous.
Et bien sûr de nombreux projets de transition agricole et alimentaire se financent via les plateformes de financement participatif comme LITA.co (qui sponsorise cette édition) ou encore Miimosa.
Conclusion
Aah l’agriculture, tellement de choses à dire sur ce secteur qui nous concerne au quotidien et qui a encore fait la une de l’actualité tellement les conditions de travail y sont difficiles.
Pourtant sa transformation est nécessaire si l’on ne souhaite pas compromettre davantage la terre que nous léguerons aux générations futures.
Je suis curieux de savoir ce que tu as pensé de cette édition 👇
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Superbe article comme toujours. il existe également cette association pour aider les agriculteur a investir dans le foncier et s'installer : https://www.feve.co/