Épinard 🌳#43 - Le train est-il sur la bonne voie ?
Aller simple pour un transport bas carbone.
Hello 🌳
Les jours fériés s’enchaînent et vous donnent envie d’enfiler claquettes-casquette pour savourer les vacances d’été qui approchent ? Pour le trajet vous hésitez à prendre le train, l’avion ou le mini-van 9 personnes de votre oncle Roger ?
Si vous êtes team organisation millimétrée et que vos billets de train sont déjà pris depuis le jour de leur sortie alors * high five *.
Si vous êtes plutôt du style à vous laisser porter par le vent - et par les billets SNCF les moins chers pour partir à l’aventure le temps venu, cette newsletter est votre signe d’aller booker vos trajets.
Quoi qu’il en soit, le train a tout pour plaire (ou presque !). Ce n’est pas pour rien si le secteur ferroviaire, ce moyen de transport du “passé”, a encore un bel avenir devant lui.
D’ailleurs le gouvernement a mis 100 milliards d’investissements sur la table d’ici à 2040. Et autant dire que la liste des chantiers est longue : modernisation du transport ferré, réouverture des lignes de nuit, création de nouvelles lignes et déploiement de RER métropolitains dans une dizaine de grandes villes…
Tour d’horizon du moyen de locomotion qui arrive en tête de convoi quand vient la question du transport durable.
Aujourd’hui, le trajet se compose :
D’un état des lieux du secteur des transports.
Des points positifs qui vont vous faire aimer le train.
Des points qui restent à améliorer.
Des nouvelles entreprises qui prennent le wagon en marche pour faire changer les choses.
Tous à bord !
Gaël
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Le train en marche et son impact carbone
En France, le secteur des transports émet environ 31 % des émissions de gaz à effet de serre. Aoutch.
Ce n’est pas rien, surtout lorsque l’on sait que 94 % de ces émissions viennent des véhicules routiers : véhicules particuliers, poids lourds, circulation routière… Pour donner une comparaison, le rail émet 0,4 % des émissions. Le reste concerne l’avion.
Pour les amoureux et les amoureuses des chiffres, voici les émissions par transport et par personne :
Un avion court/ moyen-courrier émet environ 117 g CO2eq par kilomètre
Un avion long-courrier émet environ 83g CO2eq par kilomètre
Une voiture qui roule à l’essence se situe à environ 75g CO2eq par kilomètre
Un véhicule diesel tourne autour de 74g CO2eq par kilomètre
Un autocar émet environ 24g CO2eq par kilomètre
Une voiture électrique émet 2,8 g CO2eq par kilomètre
Le TGV électrique émet environ 1,2 g CO2eq par kilomètre
(Chiffres du rapport Voyager Bas Carbone, Shift Project).
Bien évidemment ces chiffres ne sont pas figés et de nombreux critères rentrent en considération lorsqu’il s’agit de calculer les émissions de gaz à effet de serre propre à chaque moyen de transport.
Concernant le secteur ferroviaire, ces émissions GES diffèrent même en fonction du train que vous prenez. Selon le Réseau de Transport d’Électricité, cela revient à :
1,7 g de CO2 par kilomètre pour le TGV
4,75 g de CO2 par kilomètre pour les RER
5,3 g de CO2 par kilomètre pour l'Intercité
24,8 g de CO2 par kilomètre pour les TER
À ce jour, 80 % des trains roulent à l’électricité et 20 % tournent au diesel (principalement sur les petites lignes), l’objectif étant de les remplacer d’ici 2035. (2)
Quoi qu’il en soit, le train arrive sur le podium lorsque l’on parle de transport durable. Et ce principalement grâce à l’énergie qu’ils utilisent pour rouler. Même si le train est (presque) vide, l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre sera moindre que la voiture ou l’avion.
Pas besoin de sortir les lunettes ou la calculette si vous avez envie de calculer vos émissions sur votre prochain trajet direction les doigts de pied dans l’eau. Le simulateur de l’ADEME est là pour vous donner les chiffres sur l’impact de votre moyen de transport sur le climat.
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Un secteur sur la bonne voie
Prendre le train connaît un nouvel engouement.
Durant l’été 2023, la SNCF a vendu 24 millions de billets soit une augmentation de 4 % par rapport à la même période de 2022, qui avait déjà battu les records de l’année précédente.
On peut donc s’attendre à la même chose pour les vacances estivales de 2024. En même temps, rares sont les personnes qui n’aiment pas le train (quand il n’y a pas de retard et que les prix n’ont pas fait x5 en une seule nuit).
Le train a de nombreuses raisons de plaire :
— Ce sont des trajets à grande vitesse. Un TGV, en ligne droite, peut aller jusqu’à 500 km/h. Petite info pour les apéros à venir : le record de la SNCF est de 574,8 km/h franchi en 2007.
— Une arrivée en grande pompe en plein centre-ville. Plus besoin de faire 30 minutes de taxi en partant de l’aéroport pour arriver à votre location de vacances.
— La découverte de paysages pittoresques et la considération que le transport en train fait partie du début des vacances.
— La possibilité de travailler tout en voyageant lorsque la connexion Wi-Fi est stable (ce qui est le cas sur de nombreuses lignes !).
— Son faible bilan carbone. Oui, je me répète. Mais c’est vraiment un des transports les plus durables et les plus respectueux - comme le vélo. Sauf que faire Paris-Marseille à bicyclette risque de vous prendre vos 3 semaines de vacances.
— La possibilité de partir avec son vélo dans certains types de trains, ce qui facilite grandement la vie sur place et réduit drastiquement l’empreinte carbone des vacances.
Mais encore un train de retard pour le secteur ferroviaire français
Merci Gaël, mais le train, ça coûte cher ! Surtout quand tu pars avec deux enfants et Mamie Huguette. Et difficile d’amener Médor, le golden retriever, en plus des 3 valises.
Et c’est vrai. Le train n’a pas que des avantages.
Un prix élevé
Le prix des billets de certaines lignes est faramineux. Alors ne parlons même pas des trajets à réserver en week-end et en vacances. Double combo si vous devez partir un week-end de vacances.
Quand il s’agit de porte-monnaie et non plus de planète, le train est clairement moins attractif. Les prix des TGV sont en moyenne 2,6 fois plus cher que les billets d’avion. Pour certaines destinations comme Paris-Valence, le train coûte 7,9 fois plus cher. (3)
Les raisons de cette absurdité ?
— L’absence de taxation du kérosène dans l’aviation.
— La suppression du plafonnement des prix des billets TGV depuis 2018
— Le prix des péages qui jouent le rôle de revenus pour SNCF Réseau, entreprise en charge d’entretenir les voies.
Une infrastructure vieillissante
La deuxième limite du secteur ferroviaire, à ce jour, ce sont ses infrastructures vieillissantes. L’âge moyen des voies françaises tourne autour de 28,6 ans en 2021 (2) contre 17 ans pour le réseau allemand.
Ainsi, depuis 2017, une centaine de petites gares rurales ne sont plus desservies et la signalisation n’est pas toujours aux normes européennes ce qui provoque défaillances et retards.
Un manque de trains
Alors que les records de fréquentations s’enchaînent, on manque de trains et de gens pour les conduire.
C’est le double effet Kiss Cool :
Un manque de conducteur·ices alors qu’en 10 ans c’est 16 000 emplois qui ont été supprimés ce qui représente un·e cheminot sur dix.
Un nombre de trains moins élevé qu’avant à cause de plusieurs facteurs :
Ces 10 dernières années plus d’une centaine de rames sont parties à la casse. En 2013 on en comptait 520, aujourd’hui ce chiffre est descendu à 364. (4)
Dans les années 2010 la SNCF a connu une crise de la rentabilité. Moins de trains ont été commandés à cette époque ce qui s’en ressent aujourd’hui.
Des TGV sont partis rouler en Espagne lorsque la SNCF s’est implantée dans le pays.
Les trains du futur, les fameux TGV M, ne seront livrés qu’à partir de 2025.
Raccrocher les wagons : perspectives pour le secteur
Face aux enjeux environnementaux actuels, le train a encore de beaux jours devant lui. Mais la réussite du secteur passera par des investissements importants à la fois dans le réseau et dans la création de nouvelles lignes.
L’état se mobilise (enfin)
Comme je le mentionnais en intro, l’Etat se mobilise après des années de statu quo.
Elisabeth Borne a annoncé le 24 février 2023 déployer un budget de 100 milliards d’euros dans le secteur du train d’ici 2040.
Sur ces 100 milliards, une bonne partie servira à combler ce que SNCF Réseau appelle la “dette grise” : le retard d’investissement dans les infrastructures ferroviaires actuelles évalué à 60 millards.
Et si les grandes lignes au départ de Paris ont, elles, été modernisées, le reste de la France espère pouvoir prendre le train en marche afin de moderniser les petites lignes, de rouvrir les gares rurales et d’entretenir les voies actuelles.
La concurrence pour un choc d’offre ?
Le sujet a fait couler beaucoup d’encre.
Depuis 2019, SNCF n’a plus le monopole du train en France.
Si Trenitalia propose une liaison Lyon-Paris, la concurrence se fait plutôt attendre…
Et à juste titre, créer une entreprise du ferroviaire, ça ne s’improvise pas du jour au lendemain.
Parmi les nombreux projets sur les rails, la plupart se consacrent à la création de nouvelles lignes aujourd’hui inexistante ou abandonnées par la SNCF (on y revient ci-dessous).
Comment participer au mouvement ?
Si investir dans les infrastructures ferroviaires reste pour le moment la chasse gardée de l’Etat et des collectivités, on peut espérer qu’ils proposent aux Français d’y participer. C’était par exemple le cas de la ville de Brest pour la création de sa prochaine ligne de Tramway. À quand une grande campagne nationale de financement des petites lignes ?
Pour le reste, il y a l’embarras du choix, mais attention cela peut ressembler davantage aux montagnes russes qu’un paisible trajet en TGV.
Financer les nouvelles compagnies
Plusieurs projets sont en cours :
Midnight Trains qui veut faire des trains de nuit une expérience grand luxe et confort avec des chambres privatives, une literie haut de gamme et une salle d’eau privative. Et cela rejoint l’engouement nouveau pour les voyages de nuit comme en témoigne la réouverture en 2021 de certaines lignes de trains couchettes comme Paris-Nice ou Paris-Vienne.
Kevin Speed, opérateur ferroviaire, vient de signer le 29 février dernier un accord-cadre avec SNCF Réseau pour faire rouler des trains à petit prix sur certaines grandes lignes entre Paris, Lille, Lyon et Strasbourg d’ici 2028. Une commande de 20 trains a été passée au constructeur Alstom qui devrait les livrer la même année.
Le Train a la même ambition que l’entreprise précédente mais se concentre sur le Grand Ouest sans passer par Paris avec des trains à petits prix (mais non low cost) qui rouleront à partir de 2026. Cette fois, ce sont 10 trains qui ont été commandés au constructeur espagnol Talgo. Elle a d’ailleurs fait une levée participative sur Tudigo, il y a quelques mois.
Quand d’autres s’achèvent dans la douleur, c’est le cas de la coopérative Railcoop qui a annoncé sa liquidation judiciaire fin mars. Cette dernière avait pour objectif de relancer une ligne Bordeaux-Lyon en passant par Périgueux, Limoges, Montluçon et Roanne. Mais après avoir mobilisé 8,5M€, elle n’a pas réussi à relever suffisamment pour concrétiser son projet.
Faut-il rappeler que se lancer dans le ferroviaire coûte cher, très cher même.
Miser sur les entreprises du secteur
Plusieurs constructeurs de trains européens sont cotés en Bourse, parmi les plus connus :
ALSTOM : fleuron français du ferroviaire, son parcours boursier fait les montagnes russes suite à une gestion financière difficile depuis le rachat de son concurrent Bombardier. Son carnet de commandes est pourtant rempli à ras bord.
CAF : Acteur espagnol avec un CA approchant les 2Mds€, son cours est plutôt stable depuis une dizaine d’années
TALGO : constructeur espagnol également qui équipera Le Train, il est beaucoup plus petit que les précédents avec 187M€ de CA. Introduit en Bourse en 2015 à ~8€ de l’action, son cours se situe aujourd’hui autour de 4€.
KNORR-BREMSE : l’entreprise allemande n’est pas un constructeur mais fourni des systèmes de freinages pour les acteurs ci-dessus. Elle vient aussi de racheter une filiale spécialiste de la signalisation à Alstom. Son cours a atteint un point bas fin 2022 et reprend des couleurs depuis.
En revanche, je n’ai pas identifié de fonds ou d’ETF spécifiquement sur cette thématique. Ceux-ci visant plus généralement le secteur des transports en incluant le routier, l’aviation et le maritime.
Conclusion
En petit bonus, pour ceux qui souhaitent explorer les rails pendant les vacances, faites un tour sur Mollow. C’est hyper pratique pour trouver de nouvelles destinations accessibles en train.
J’espère que cette édition sur le train t’a plu, j’ai trouvé ça passionnant d’explorer un secteur en pleine transformation. Fais-le moi savoir, juste en dessous 👇
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1: Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Merci pour cet article. Un remarque : il est important de préciser que les facteurs d'émissions indiqués dans le chapitre "Le train en marche et son impact carbone" ne correspondent pas à ceux habituellement utilisés pour les calculs. En effet le PTEF du Shift Project ne prend notamment pas en compte les émissions liées (pour le trafic routier) à la production des véhicules, ni (pour l'aviation) à celles correspondant au traînées nuageuses. C'est notamment ce qui explique le fort décalage avec le calculateur de l'ademe qui lui intègre tout.
Donc pour la voiture individuelle on est plutôt sur 218 gCO2e/km et pour les avion court courrier 259g CO2e/voyageur/km quand le tgv est à 3 g CO2/voyageur/km! Y a vraiment pas photo.