Épinard 🌳#67 - Partage ton volant pour la planète
Et si la voiture de demain était collective ? Autopartage, covoiturage, flottes citoyennes…
Hello 🌳
Et si la voiture du futur, ce n’était pas un SUV électrique mais… une voiture qu’on ne possède pas ?
Parce que oui, pendant qu’on s’écharpe sur le bon mix entre bioéthanol et batteries solides, une révolution discrète avance à bas bruit : la voiture partagée.
Autopartage, covoiturage, flottes rurales ou régies municipales… Derrière l’image ringarde du stop ou les galères d’Autolib’, une autre logique de mobilité s’invente.
Une logique où l’on utilise sans posséder, où l’on divise l’impact sans diviser le plaisir de bouger.
Alors, que vaut cette promesse ? Est-ce réaliste ? Et surtout : est-ce que c’est une bonne idée d’y investir ?
Mais avant d’y répondre quelques infos !
Merci ! À ceux qui ont fait le déplacement mardi pour la conférence à l’Académie du Climat 🙏
Il n’est pas trop tard pour s’inscrire au prochain webinar co-organisé par Lita & La Crèmerie.
On va y parler gestion de patrimoine sur le long terme !
RDV le mardi 8 juillet à 12h.
Vous avez été nombreux-se à répondre au questionnaire de Charlotte pour sa thèse portant sur la finance solidaire et responsable.
Elle est maintenant à la recherche de quelques d’épargnant-es prêt-es à témoigner lors sous forme d’entretien, si ça vous voulez faire avancer la recherche dans le secteur, contactez la directement : charlotte.janson@dauphine.eu
Tu veux passer à l’action ? Tu peux :
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🚘 Posséder une voiture, c’est un peu comme acheter un canapé pour s’y asseoir 1h par jour
Une voiture passe 95 % de son temps à l’arrêt. Et même quand elle roule, elle est souvent occupée par… une seule personne.
Résultat : un mode de transport qui coûte cher (jusqu’à 6 000 € par an pour un usage quotidien modéré), qui prend de la place, qui pollue…
Sur le plan climatique, la voiture individuelle reste l’un des principaux postes d’émission de CO₂ en France.
Et ce n’est pas en devenant électrique que ça résout tout : entre fabrication, batterie, stationnement et embouteillages, le vrai levier, c’est le taux d’usage.
C’est là qu’interviennent les solutions partagées. Un véhicule partagé permet de remplacer 5 à 8 voitures personnelles, selon Citiz. Moins de voitures produites, moins de CO₂, moins d’encombrement.
Et pour toi, une facture allégée. Dès qu’on roule moins de 10 000 km par an, ne pas posséder de voiture devient économiquement rationnel.
Alors, pourquoi ce n’est pas déjà la norme ? Spoiler : parce que c’est compliqué.
🚠 L’autopartage : ça roule, mais c’est encore réservé aux initiés
L’autopartage, c’est l’accès à une voiture sans en être propriétaire. Tu la réserves sur une appli, tu la prends, tu la ramènes.
En France, le secteur a bien grandi : 13 500 véhicules partagés, 460 000 usagers actifs (soit environ 34 usagers par véhicule en moyenne), et une couverture qui s’étend dans plus de 1 000 communes.
À titre de comparaison, le parc de voitures particulières en circulation en France dépasse les 35 millions de véhicules : l’autopartage représente donc à peine 0,04 % du parc total.
On a donc encore des marges de progrès!
Les acteurs sont variés :
Citiz, réseau coopératif ancré dans les territoires, très présent dans les villes moyennes. Le modèle repose sur des SCIC locales (Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif), où les usagers et les collectivités peuvent être sociétaires. Les voitures sont en station fixe (modèle en boucle), et leur usage est facturé à l'heure et au kilomètre. Citiz revendique 2 700 véhicules mutualisés et une réduction d’environ 10 tonnes de CO₂ par an par véhicule partagé, grâce à la baisse du nombre de voitures en circulation et des kilomètres parcourus.
Getaround ou Turo (ex-Ouicar), ces plateformes facilitent la location ponctuelle de voitures entre particuliers. Le propriétaire met son véhicule à disposition via l’appli, avec ou sans remise de clés (en version connectée), et l’usager le réserve pour quelques heures ou quelques jours. Le modèle est plus proche de la location décentralisée que de l’autopartage structuré, mais il permet de rentabiliser les voitures sous-utilisées et d’élargir l’offre, notamment dans les zones mal desservies par les opérateurs classiques.
Europcar On Demand, Zity, Free2Move : les gros privés, souvent en free-floating (sans station fixe), et proposant exclusivement ou majoritairement des véhicules électriques. Ils fonctionnent plutôt comme des services de location courte durée automatisés que comme de l’autopartage structuré au sens strict.
Mais le modèle économique est fragile : entre vandalisme, faible taux d’occupation (moins de 4 heures par jour en moyenne pour les véhicules en boucle selon l’ADEME), et besoin de bornes ou de places de stationnement réservées, l’autopartage peine à être rentable sans soutien public. D’après le Baromètre national de l’autopartage (AAA, 2023), seules quelques structures parviennent à l’équilibre financier en zone dense. La plupart des opérateurs dépendent d’un soutien des collectivités (mise à disposition de stationnement, subventions d’exploitation) pour maintenir leur offre.
Et justement, certaines collectivités jouent le jeu : places réservées, subventions, intégration au pass transport. Et même co-investissement, comme le Parc naturel régional des Grands Causses, qui partage sa flotte publique avec les habitants. Résultat : plus d’usages, moins de voitures.
L’autopartage, ce n’est pas encore la solution miracle, mais c’est déjà un levier concret pour remettre la voiture à sa juste place : en mutualisant les usages, on motorise collectivement sans saturer l’espace urbain ni exploser le bilan carbone.
🚐 Le covoiturage : des millions de sièges vides, des milliers seulement utilisés
Longue distance ? Jackpot.
Blablacar est devenu un réflexe national, avec plus de 20 millions d’utilisateurs en France. Depuis sa création en 2006, la plateforme a permis à des millions d’automobilistes de rentabiliser leurs trajets longue distance en partageant les frais. En 10 ans, elle est passée d’un service marginal à une alternative sérieuse au train ou à la voiture solo.
Blablacar revendique plus de 100 millions de membres dans le monde, dont environ 25 millions d’inscrits en France. Chaque année, elle contribue à éviter 2,5 million de tonnes de CO₂. Son succès repose sur un modèle simple, une base d’utilisateurs massive, et une expérience utilisateur très fluide. Le tout avec une rentabilité atteinte depuis plusieurs années grâce à un modèle à commission sur les trajets (et de revente de CEE).
Mais pour les trajets domicile-travail, c’est une autre histoire…
Malgré des plateformes innovantes (Klaxit, Karos, Mobicoop, etc.), le covoiturage quotidien plafonne : moins de 0,03 % des trajets en voiture sont faits en covoiturage via une appli. Si l’on intègre les pratiques informelles (famille, voisins, collègues), l’ADEME estime que près de 3 % des trajets du quotidien sont en réalité covoiturés — soit dix fois plus que les trajets via plateformes. Cela montre un usage réel, mais encore largement invisible et peu structuré (source : ADEME, Enquête Autopartage des Français, 2022).
Pourquoi ?
Parce que ça suppose des horaires compatibles, de la flexibilité, de la confiance, des incitations… bref, tout ce qui manque à un conducteur pressé à 8h du matin.
Pourtant, les pouvoirs publics tentent : primes de 100 €, subventions par trajet, voies réservées, bonus conducteurs, aires de covoiturage… Mais pour l’instant, les usages restent marginaux.
Pas assez de conducteurs = pas assez de passagers = pas assez de fiabilité. Le serpent se covoiture la queue.
La bonne nouvelle ? Le coût du carburant et les politiques locales pourraient changer la donne. Le covoiturage est une solution dormante à fort potentiel : il suffit d’un petit déclic collectif pour le réveiller.
🌾 Et en milieu rural ? La voiture partagée, version slow
Les zones peu denses sont les grandes oubliées des mobilités. Pas de transports en commun, distances longues, et… dépendance quasi-totale à la voiture.
Pourtant, la mobilité partagée rurale bouge, et souvent mieux qu’en ville :
Le stop organisé avec Rezo Pouce : ce réseau transforme la pratique du stop en solution sécurisée et formalisée dans les zones rurales. Les communes installent des "arrêts pouce", les usagers s'inscrivent sur une plateforme et peuvent indiquer leur destination via une appli ou un panneau. Gratuit et fondé sur la solidarité, le service facilite les déplacements de proximité (courses, santé, gare la plus proche) dans des territoires sans transports publics.
L’autopartage coopératif dans les petits bourgs (Citiz rural, Autopartage Vercors…) : ici, on mise sur des flottes modestes (souvent 1 à 3 véhicules), gérées localement via une SCIC ou un partenariat public-coopératif. À Saint-Affrique ou dans le Vercors, les véhicules sont parfois mutualisés entre mairie, habitants et entreprises locales. Impact : désenclavement, réduction de la dépendance à la voiture personnelle, incitation à vendre le second véhicule.
Le prêt de véhicules communaux ou les transports solidaires associatifs : certaines mairies mettent à disposition leurs voitures de service en dehors des horaires de bureau. D’autres soutiennent des associations de chauffeurs bénévoles (Croix-Rouge, CCAS, etc.) pour des trajets essentiels. C’est une réponse sociale forte dans les zones où 15 à 20 % des adultes n’ont pas de véhicule.
On est loin du free-floating parisien. Ici, la clé c’est la coopération locale : on met un véhicule au service de plusieurs usages (agents municipaux la journée, habitants le week-end), on mutualise, on adapte.
C’est du sur-mesure, et ça fonctionne. Lentement. Mais sûrement.
Et pour ton argent, ça donne quoi ?
Côté investissement, il y a des opportunités à explorer :
Citiz, via ses SCIC locales ou des obligations solidaires sur des plateformes comme Lita.co.
Mobicoop, structure de l’ESS, ouvre régulièrement son capital.
Des start-up prometteuses comme Karos ou Klaxit, encore jeunes mais bien implantées.
Des projets citoyens ruraux en financement participatif?
Et n’oublie pas : chaque véhicule partagé, c’est potentiellement 5 voitures évitées. Ton capital peut rouler utile.
Conclusion
De l’autopartage aux véhicules intermédiaires, le secteur de la “mobilité doit s’adapter également aux contraintes d’un monde en transition.
Technologiquement tout est disponible pour augmenter le taux d’utilisation de nos véhicules, il reste donc es barrières sociales à faire tomber, et l’on voit déjà les premiers signes.
Et toi ta voiture, tu la prêtes ?
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1: Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.