Hello 🌳
Ça fait un bout de temps que je ne vous ai pas parlé d’économie circulaire. Et quoi de mieux que de s’y replonger avec un sujet clé : le réemploi.
Parce qu’entre crise économique et réchauffement climatique, les habitudes de consommation changent.
Non, ce n’est pas qu’un effet de mode de chiner des vêtements en friperie (même si le style des années 2000 revient sur le devant de la scène) ou de passer son temps à scroller Leboncoin en quête du meuble en formica parfait.
Aujourd’hui, on creuse ensemble :
La définition du réemploi (à ne pas confondre avec le recyclage).
Ses avantages concrets.
Les obstacles qui freinent son développement.
Les différentes manières d’investir dans ce secteur.
🙏Mais avant ça, je voulais remercier les lecteurs qui ont pu être présents à la conférence du Monde, ça m’a fait super plaisir de vous voir ! Pour ceux qui l’ont raté le replay est dispo ici (ma partie commence à 1h20).
🎙️Et mon dernier épisode dans le podcast Les Pépettes vient de sortir aussi, on y parle liberté financière et crédit lombard, à retrouver sur vos plateformes de streaming ou directement ici.
Let’s Go !
Gaël
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Dis Jamy Gaël, c’est quoi le réemploi ?
Le réemploi, ce n’est pas tout à fait la même chose que le recyclage ! Ce dernier transforme les matériaux d’un objet ou d’un produit pour en refaire un autre.
Par exemple, une bouteille en plastique sera broyée pour faire… Une autre bouteille en plastique. Ça demande de l’énergie et de l’eau, mais permet de récupérer des matériaux qui ne pouvaient plus être utilisés en tant que tels.
C’est là la principale différence avec le réemploi.
L’objet ou l’emballage est réutilisé dans son usage initial sans passer par la case “déchet”. L’objectif est de rallonger la durée de vie de ces objets sans les transformer significativement.
Réemployer c’est donc :
Réparer.
Contrôler la qualité.
Nettoyer.
Remettre en circulation.
On peut distinguer différents types de réemploi :
La consigne : Connue, surtout pour les bouteilles en verre. Vous rendez le contenant et vous récupérez une petite somme, qui était comprise dans le prix de départ du produit.
La réutilisation : L’objet, le matériau ou le produit est remis sur le marché avec un usage un peu différent de celui pour lequel il a été fabriqué. Par exemple : les matériaux de construction d’un chantier, les chutes de tissus…
La seconde main : On n’y pense pas toujours quand on parle d’économie circulaire, mais les transactions entre particuliers sont une forme de réemploi. Il s’agit surtout de vêtements, d’électroménager, de meubles, d’équipements de loisir ou encore de livres.
Les systèmes de prêt ou de location de matériel : C’est un petit peu à part du réemploi, mais ces systèmes permettent d’utiliser un bien de manière répétée sans en créer de nouveaux et donc utiliser des ressources.
Le réemploi : une idée remise au goût du jour
L’usage unique, ça n’a pas toujours été automatique.
Le cas le plus facile à comprendre, c’est le combat bouteille plastique jetable vs bouteille en verre consignée.
Avant l’arrivée du plastique dans les années 1960, la consigne était majoritaire avec des contenants en verre.
Aujourd’hui, moins de 10% des emballages en verre en France sont consignés et suivent le chemin du réemploi. Et c’est normal quand on sait que la consigne a été officiellement abandonnée en 1999. Seule l’Alsace utilise encore ce système économique et écologique.
Pourquoi ce système a-t-il été mis de côté ?
À cause de l’arrivée du plastique, d’une part. Mais aussi du principe de responsabilité élargie du producteur (REP) de l’autre. À partir des années 1990 les producteur·rices doivent gérer par eux-mêmes la fin de vie de leurs emballages.
Au lieu de gérer les cycles de réutilisation des emballages consignés, certain·es préfèrent déléguer cette responsabilité aux collectivités locales. En échange, ils et elles versent une aide financière, laissant ainsi aux collectivités le soin de collecter et de traiter ces emballages.
Pourtant 90% des consommateurs et consommatrices sont favorables à son retour, surtout pour les bouteilles et les emballages afin de lutter contre le plastique à usage unique. (1)
Et cela va dans le sens de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) votée en février 2020.
Le cas de la bouteille est iconique mais loin d'être unique.
Autre exemple : seul le matériel médical neuf est remboursé par la sécu.
Pourtant un fauteuil roulant d'occasion roule tout aussi bien...
Les avantages du réemploi
Vous me voyez venir, le réemploi est un choix mistral gagnant ! (Lorsqu’il peut être mis en place, mais ça, c’est un autre problème).
Moins de ressources
Allonger la durée de vie d’un produit, c’est limiter les ressources extraites pour en fabriquer de nouveaux.
L’ADEME le montre bien :
La fabrication d’un jean nécessite 8 000 litres d’eau et 32 kg de matières premières.
La fabrication d’un téléphone se fait avec 184 kg de matières premières.
Ça fait beaucoup.
Avec un objectif de réemploi des emballages à 50% d’ici 2030, les économies en ressources seraient significatives :
3,7 millions de tonnes de CO2 évitées pour 28 millions de tonnes de ressources
10 milliards de m3 d’eau préservés (1)
Le réemploi, en plus de réduire l’extraction des ressources, permet de réduire le recyclage, l’incinération ou l’enfouissement des déchets.
D'après le RREUSE (Réseau international des entreprises sociales du réemploi), les activités de réemploi de ses membres ont allongé la vie de 214 500 tonnes d'objets, compensant l’équivalent des émissions de CO2 de plus de 107 000 citoyen·nes européen·nes sur un an.
Rien que ça.
Moins d’émissions de GES
Bien évidemment, allonger la durée de vie d’un produit, c’est également réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Ainsi :
40 % des émissions liées à la production du verre sont réduites dès qu’une bouteille est utilisée sur 2 ou 3 cycles.
Les émissions de CO2 baissent de 85% pour le verre réemployé.
De manière générale, et pas seulement pour les emballages, pour que la réduction d’émissions soit intéressante lors du réemploi, il faut faire attention :
Au nombre de réutilisations de l’objet ou du produit. La réduction ne sera pas la même si ce dernier connaît 2 ou 15 cycles.
Aux distances parcourues et le mode de transport utilisé pour acheminer l’objet de sa mise sur le marché initiale, jusqu’au centre de nettoyage, de contrôle, etc.
Aux performances de lavage, de réparation et de contrôle qualité et à l’énergie et les ressources pour effectuer ces actions.
C’est vrai pour les bouteilles mais également tous les autres objets que l’on voudrait réemployer.
La création d’emplois
Plus on veut minimiser l’impact, plus il faut penser la circularité à l’échelle locale.
Cette filière permet de créer des emplois non délocalisables puisque l’objectif premier reste de garder les biens et les objets dans un circuit court.
Pour donner quelques chiffres marquants :
En Allemagne, une étude menée par PWC pour la Commission européenne démontre que le recours à la consigne pourrait créer 27 000 emplois.
Le RREUSE souligne que les entreprises sociales qui sont dans le réemploi créent en moyenne 70 postes pour 1 000 tonnes de produits collectés. Ce chiffre peut monter jusqu’à 140 emplois.
Cet enjeu lié à l’emploi est intéressant, non seulement pour la création de postes que cela engendre, mais parce que ces emplois sont de très bons leviers pour la réinsertion sociale et professionnelle.
En formant des personnes souvent peu qualifiées et éloignées de l’emploi, elles leur permettent d’acquérir des compétences valorisées par le marché du travail.
Les obstacles au modèle
Malgré ses avantages, le réemploi peine encore à s’imposer à grande échelle.
Une difficulté à avoir une politique forte sur le sujet
En l’absence d’une politique nationale forte, le réemploi stagne.
De nombreuses initiatives existent, mais sont souvent locales, alors qu’un système nationalisé pourrait vraiment faire décoller le réemploi.
Aujourd’hui on manque principalement de :
Zones de réemploi où déposer les objets.
Infrastructures de tri, nettoyage, contrôle et réparation.
Incitations fortes pour les entreprises à opter pour des modèles réutilisables (la taxe pour les emballages à usage unique, par exemple).
Pourtant, de particulier à particulier, la vente d’objets de seconde main est entrée dans les habitudes de consommation quotidienne.
Il s’agit aujourd’hui de déployer le réemploi, notamment la consigne, pour sortir de la logique : un besoin = un produit neuf.
Si aujourd’hui, le neuf conserve encore une bonne place c’est que nous sommes “victimes” de certaines incitations :
La prime à la casse pour une voiture ancienne lorsqu’une voiture neuve est achetée derrière.
Le remboursement de matériel médical neuf (comme des béquilles) plutôt que du matériel de seconde main.
La réparabilité des produits n’est pas suffisamment pensée en amont, ce qui amène à des coûts de réparation dépassant la valeur d’un produit neuf.
Les produits réparés et réemployés subissent la même TVA que les produits neufs, ce qui peut jouer en leur défaveur.
Un modèle à l’opposé du système de consommation
On ne va pas se mentir, la société de consommation fonctionne sur la vente de produits neufs.
Le réemploi et la seconde main ne sont pas vus comme des priorités car de nombreuses idées reçues gravitent autour.
Acheter neuf peut être perçu comme un signe de réussite sociale alors que la seconde main peut être vue comme un compromis ou le choix d’une moindre qualité.
Notre société de consommation encourage l’achat de produits neufs et suggère l’idée qu’il est plus difficile de réparer quelque chose que de le racheter. Et c’est fondamentalement ça qu’il faut questionner.
Ce qui est assez paradoxal, c’est que le monde de l’entreprise a déjà fait sa transition d’un monde de la possession à un monde de l’usage.
Une entreprise loue ses locaux, ses véhicules, son parc informatique, ses engins de chantiers et même ses avions pour une compagnie aérienne.
Cela pousse les fournisseurs à s’orienter vers du matériel plus durable pour maximiser le temps d’utilisation et non le nombre d’achats.
Investir dans l’économie circulaire
Si vous souhaitez faire tourner votre argent en rond, c’est possible ! Voici un tour de piste (wow jeu de mots) :
Les fonds “Economie Circulaire” : il en existe plusieurs mettant cette thématique en avant. Malheureusement, ils contiennent plutôt des acteurs historiques de la gestion des déchets ou du traitement de l’eau et assez peu d’acteurs spécialisés dans l’économie circulaire.
Miser sur les startups du secteur : elles sont nombreuses en France avec de belles histoires en cours d’écriture comme BackMarket, Le Fourgon, Uzaje, OMAJ etc
Ces entreprises ou d’autres similaires lèvent régulièrement des fonds sur les plateformes de financement participatifs.Soutenir les acteurs historiques : plusieurs mouvements s’inscrivent dans cette logique comme Emmaüs, les recycleries, les low-tech lab ou repair-café.
Ils organisent également des campagnes de financement ou d’appel aux dons.
Et comment ne pas terminer cet article sans vous parler de la première chose à faire : changer votre mode de consommation.
Conclusion
Le bon sens nous fait parfois défaut.
La réparation, la 2nde main et le réemploi devraient être les options à privilégier.
D’ailleurs, si tu en es convaincu.e je t’invite à découvrir deux projets que je côtoie dans l’incubateur make_sense et que je trouve génial :
DERO où tu trouveras tout ce que tu peux imaginer mais de 2nde main. Pense Amazon 100% 2nde main.
et Les Raccomodeurs qui proposent aux marques d’intégrer des services de réparation et d’entretiens. Parce que c’est relou d’entendre “ah non, on ne gère pas la réparation nous” quand tu ramènes un produit en magasin
C’est tout pour cette semaine, dis-moi ce que tu en as pensé juste en dessous.
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1 : Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.