Ăpinard đł#53 - PĂŽle reEmploi = France Circulaire
Employer, réemployer qu'ils disaient...
Hello đł
Ăa fait un bout de temps que je ne vous ai pas parlĂ© dâĂ©conomie circulaire. Et quoi de mieux que de sây replonger avec un sujet clĂ© : le rĂ©emploi.
Parce quâentre crise Ă©conomique et rĂ©chauffement climatique, les habitudes de consommation changent.
Non, ce nâest pas quâun effet de mode de chiner des vĂȘtements en friperie (mĂȘme si le style des annĂ©es 2000 revient sur le devant de la scĂšne) ou de passer son temps Ă scroller Leboncoin en quĂȘte du meuble en formica parfait.
Aujourdâhui, on creuse ensemble :
La définition du réemploi (à ne pas confondre avec le recyclage).
Ses avantages concrets.
Les obstacles qui freinent son développement.
Les diffĂ©rentes maniĂšres dâinvestir dans ce secteur.
đMais avant ça, je voulais remercier les lecteurs qui ont pu ĂȘtre prĂ©sents Ă la confĂ©rence du Monde, ça mâa fait super plaisir de vous voir ! Pour ceux qui lâont ratĂ© le replay est dispo ici (ma partie commence Ă 1h20).
đïžEt mon dernier Ă©pisode dans le podcast Les PĂ©pettes vient de sortir aussi, on y parle libertĂ© financiĂšre et crĂ©dit lombard, Ă retrouver sur vos plateformes de streaming ou directement ici.
Letâs Go !
Gaël
đ Tu connais quelqu'un qui devrait lire cet article ? Partager
On t'a partagé cet article ? Abonne-toi maintenant
Dis Jamy GaĂ«l, câest quoi le rĂ©emploi ?
Le rĂ©emploi, ce nâest pas tout Ă fait la mĂȘme chose que le recyclage ! Ce dernier transforme les matĂ©riaux dâun objet ou dâun produit pour en refaire un autre.
Par exemple, une bouteille en plastique sera broyĂ©e pour faire⊠Une autre bouteille en plastique. Ăa demande de lâĂ©nergie et de lâeau, mais permet de rĂ©cupĂ©rer des matĂ©riaux qui ne pouvaient plus ĂȘtre utilisĂ©s en tant que tels.
Câest lĂ la principale diffĂ©rence avec le rĂ©emploi.
Lâobjet ou lâemballage est rĂ©utilisĂ© dans son usage initial sans passer par la case âdĂ©chetâ. Lâobjectif est de rallonger la durĂ©e de vie de ces objets sans les transformer significativement.
RĂ©employer câest donc :
Réparer.
ContrÎler la qualité.
Nettoyer.
Remettre en circulation.
On peut distinguer différents types de réemploi :
La consigne : Connue, surtout pour les bouteilles en verre. Vous rendez le contenant et vous récupérez une petite somme, qui était comprise dans le prix de départ du produit.
La rĂ©utilisation : Lâobjet, le matĂ©riau ou le produit est remis sur le marchĂ© avec un usage un peu diffĂ©rent de celui pour lequel il a Ă©tĂ© fabriquĂ©. Par exemple : les matĂ©riaux de construction dâun chantier, les chutes de tissusâŠ
La seconde main : On nây pense pas toujours quand on parle dâĂ©conomie circulaire, mais les transactions entre particuliers sont une forme de rĂ©emploi. Il sâagit surtout de vĂȘtements, dâĂ©lectromĂ©nager, de meubles, dâĂ©quipements de loisir ou encore de livres.
Les systĂšmes de prĂȘt ou de location de matĂ©riel : Câest un petit peu Ă part du rĂ©emploi, mais ces systĂšmes permettent dâutiliser un bien de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e sans en crĂ©er de nouveaux et donc utiliser des ressources.
Le réemploi : une idée remise au goût du jour
Lâusage unique, ça nâa pas toujours Ă©tĂ© automatique.
Le cas le plus facile Ă comprendre, câest le combat bouteille plastique jetable vs bouteille en verre consignĂ©e.
Avant lâarrivĂ©e du plastique dans les annĂ©es 1960, la consigne Ă©tait majoritaire avec des contenants en verre.
Aujourdâhui, moins de 10% des emballages en verre en France sont consignĂ©s et suivent le chemin du rĂ©emploi. Et câest normal quand on sait que la consigne a Ă©tĂ© officiellement abandonnĂ©e en 1999. Seule lâAlsace utilise encore ce systĂšme Ă©conomique et Ă©cologique.
Pourquoi ce systÚme a-t-il été mis de cÎté ?
Ă cause de lâarrivĂ©e du plastique, dâune part. Mais aussi du principe de responsabilitĂ© Ă©largie du producteur (REP) de lâautre. Ă partir des annĂ©es 1990 les producteur·rices doivent gĂ©rer par eux-mĂȘmes la fin de vie de leurs emballages.
Au lieu de gérer les cycles de réutilisation des emballages consignés, certain·es préfÚrent déléguer cette responsabilité aux collectivités locales. En échange, ils et elles versent une aide financiÚre, laissant ainsi aux collectivités le soin de collecter et de traiter ces emballages.
Pourtant 90% des consommateurs et consommatrices sont favorables Ă son retour, surtout pour les bouteilles et les emballages afin de lutter contre le plastique Ă usage unique. (1)
Et cela va dans le sens de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) votée en février 2020.
Le cas de la bouteille est iconique mais loin d'ĂȘtre unique.
Autre exemple : seul le matériel médical neuf est remboursé par la sécu.
Pourtant un fauteuil roulant d'occasion roule tout aussi bien...Les avantages du réemploi
Vous me voyez venir, le rĂ©emploi est un choix mistral gagnant ! (Lorsquâil peut ĂȘtre mis en place, mais ça, câest un autre problĂšme).
Moins de ressources
Allonger la durĂ©e de vie dâun produit, câest limiter les ressources extraites pour en fabriquer de nouveaux.
LâADEME le montre bien :
La fabrication dâun jean nĂ©cessite 8 000 litres dâeau et 32 kg de matiĂšres premiĂšres.
La fabrication dâun tĂ©lĂ©phone se fait avec 184 kg de matiĂšres premiĂšres.
Ăa fait beaucoup.
Avec un objectif de rĂ©emploi des emballages Ă 50% dâici 2030, les Ă©conomies en ressources seraient significatives :
3,7 millions de tonnes de CO2 évitées pour 28 millions de tonnes de ressources
10 milliards de m3 dâeau prĂ©servĂ©s (1)
Le rĂ©emploi, en plus de rĂ©duire lâextraction des ressources, permet de rĂ©duire le recyclage, lâincinĂ©ration ou lâenfouissement des dĂ©chets.
D'aprĂšs le RREUSE (RĂ©seau international des entreprises sociales du rĂ©emploi), les activitĂ©s de rĂ©emploi de ses membres ont allongĂ© la vie de 214 500 tonnes d'objets, compensant lâĂ©quivalent des Ă©missions de CO2 de plus de 107 000 citoyen·nes europĂ©en·nes sur un an.
Rien que ça.
Moins dâĂ©missions de GES
Bien Ă©videmment, allonger la durĂ©e de vie dâun produit, câest Ă©galement rĂ©duire ses Ă©missions de gaz Ă effet de serre.
Ainsi :
40 % des Ă©missions liĂ©es Ă la production du verre sont rĂ©duites dĂšs quâune bouteille est utilisĂ©e sur 2 ou 3 cycles.
Les émissions de CO2 baissent de 85% pour le verre réemployé.
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, et pas seulement pour les emballages, pour que la rĂ©duction dâĂ©missions soit intĂ©ressante lors du rĂ©emploi, il faut faire attention :
Au nombre de rĂ©utilisations de lâobjet ou du produit. La rĂ©duction ne sera pas la mĂȘme si ce dernier connaĂźt 2 ou 15 cycles.
Aux distances parcourues et le mode de transport utilisĂ© pour acheminer lâobjet de sa mise sur le marchĂ© initiale, jusquâau centre de nettoyage, de contrĂŽle, etc.
Aux performances de lavage, de rĂ©paration et de contrĂŽle qualitĂ© et Ă lâĂ©nergie et les ressources pour effectuer ces actions.
Câest vrai pour les bouteilles mais Ă©galement tous les autres objets que lâon voudrait rĂ©employer.
La crĂ©ation dâemplois
Plus on veut minimiser lâimpact, plus il faut penser la circularitĂ© Ă lâĂ©chelle locale.
Cette filiĂšre permet de crĂ©er des emplois non dĂ©localisables puisque lâobjectif premier reste de garder les biens et les objets dans un circuit court.
Pour donner quelques chiffres marquants :
En Allemagne, une étude menée par PWC pour la Commission européenne démontre que le recours à la consigne pourrait créer 27 000 emplois.
Le RREUSE souligne que les entreprises sociales qui sont dans le rĂ©emploi crĂ©ent en moyenne 70 postes pour 1 000 tonnes de produits collectĂ©s. Ce chiffre peut monter jusquâĂ 140 emplois.
Cet enjeu liĂ© Ă lâemploi est intĂ©ressant, non seulement pour la crĂ©ation de postes que cela engendre, mais parce que ces emplois sont de trĂšs bons leviers pour la rĂ©insertion sociale et professionnelle.
En formant des personnes souvent peu qualifiĂ©es et Ă©loignĂ©es de lâemploi, elles leur permettent dâacquĂ©rir des compĂ©tences valorisĂ©es par le marchĂ© du travail.
Les obstacles au modĂšle
MalgrĂ© ses avantages, le rĂ©emploi peine encore Ă sâimposer Ă grande Ă©chelle.
Une difficulté à avoir une politique forte sur le sujet
En lâabsence dâune politique nationale forte, le rĂ©emploi stagne.
De nombreuses initiatives existent, mais sont souvent locales, alors quâun systĂšme nationalisĂ© pourrait vraiment faire dĂ©coller le rĂ©emploi.
Aujourdâhui on manque principalement de :
Zones de rĂ©emploi oĂč dĂ©poser les objets.
Infrastructures de tri, nettoyage, contrÎle et réparation.
Incitations fortes pour les entreprises à opter pour des modÚles réutilisables (la taxe pour les emballages à usage unique, par exemple).
Pourtant, de particulier Ă particulier, la vente dâobjets de seconde main est entrĂ©e dans les habitudes de consommation quotidienne.
Il sâagit aujourdâhui de dĂ©ployer le rĂ©emploi, notamment la consigne, pour sortir de la logique : un besoin = un produit neuf.
Si aujourdâhui, le neuf conserve encore une bonne place câest que nous sommes âvictimesâ de certaines incitations :
La prime Ă la casse pour une voiture ancienne lorsquâune voiture neuve est achetĂ©e derriĂšre.
Le remboursement de matériel médical neuf (comme des béquilles) plutÎt que du matériel de seconde main.
La rĂ©parabilitĂ© des produits nâest pas suffisamment pensĂ©e en amont, ce qui amĂšne Ă des coĂ»ts de rĂ©paration dĂ©passant la valeur dâun produit neuf.
Les produits rĂ©parĂ©s et rĂ©employĂ©s subissent la mĂȘme TVA que les produits neufs, ce qui peut jouer en leur dĂ©faveur.
Un modĂšle Ă lâopposĂ© du systĂšme de consommation
On ne va pas se mentir, la société de consommation fonctionne sur la vente de produits neufs.
Le réemploi et la seconde main ne sont pas vus comme des priorités car de nombreuses idées reçues gravitent autour.
Acheter neuf peut ĂȘtre perçu comme un signe de rĂ©ussite sociale alors que la seconde main peut ĂȘtre vue comme un compromis ou le choix dâune moindre qualitĂ©.
Notre sociĂ©tĂ© de consommation encourage lâachat de produits neufs et suggĂšre lâidĂ©e quâil est plus difficile de rĂ©parer quelque chose que de le racheter. Et câest fondamentalement ça quâil faut questionner.
Ce qui est assez paradoxal, câest que le monde de lâentreprise a dĂ©jĂ fait sa transition dâun monde de la possession Ă un monde de lâusage.
Une entreprise loue ses locaux, ses vĂ©hicules, son parc informatique, ses engins de chantiers et mĂȘme ses avions pour une compagnie aĂ©rienne.
Cela pousse les fournisseurs Ă sâorienter vers du matĂ©riel plus durable pour maximiser le temps dâutilisation et non le nombre dâachats.
Investir dans lâĂ©conomie circulaire
Si vous souhaitez faire tourner votre argent en rond, câest possible ! Voici un tour de piste (wow jeu de mots) :
Les fonds âEconomie Circulaireâ : il en existe plusieurs mettant cette thĂ©matique en avant. Malheureusement, ils contiennent plutĂŽt des acteurs historiques de la gestion des dĂ©chets ou du traitement de lâeau et assez peu dâacteurs spĂ©cialisĂ©s dans lâĂ©conomie circulaire.
Miser sur les startups du secteur : elles sont nombreuses en France avec de belles histoires en cours dâĂ©criture comme BackMarket, Le Fourgon, Uzaje, OMAJ etc
Ces entreprises ou dâautres similaires lĂšvent rĂ©guliĂšrement des fonds sur les plateformes de financement participatifs.Soutenir les acteurs historiques : plusieurs mouvements sâinscrivent dans cette logique comme EmmaĂŒs, les recycleries, les low-tech lab ou repair-cafĂ©.
Ils organisent Ă©galement des campagnes de financement ou dâappel aux dons.
Et comment ne pas terminer cet article sans vous parler de la premiĂšre chose Ă faire : changer votre mode de consommation.
Conclusion
Le bon sens nous fait parfois défaut.
La rĂ©paration, la 2nde main et le rĂ©emploi devraient ĂȘtre les options Ă privilĂ©gier.
Dâailleurs, si tu en es convaincu.e je tâinvite Ă dĂ©couvrir deux projets que je cĂŽtoie dans lâincubateur make_sense et que je trouve gĂ©nial :
DERO oĂč tu trouveras tout ce que tu peux imaginer mais de 2nde main. Pense Amazon 100% 2nde main.
et Les Raccomodeurs qui proposent aux marques dâintĂ©grer des services de rĂ©paration et dâentretiens. Parce que câest relou dâentendre âah non, on ne gĂšre pas la rĂ©paration nousâ quand tu ramĂšnes un produit en magasin
Câest tout pour cette semaine, dis-moi ce que tu en as pensĂ© juste en dessous.
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1 : Si tu souhaites ĂȘtre accompagnĂ©(e) dans tes investissements, rĂ©serve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
đ
GaĂ«l đł
â ïž Et pour finir : Je voudrais te rappeler quâici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisĂ©es. Ces informations sont impersonnelles, uniquement Ă but informatif et pĂ©dagogique et ne sont pas adaptĂ©es aux besoins d'investissement d'une personne spĂ©cifique.Tu dois aussi garder en tĂȘte quâinvestir dans des actifs cotĂ©s ou non cotĂ©s comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquiditĂ©.Et enfin, le traitement fiscal dâun investissement dĂ©pend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passĂ©es ne prĂ©jugent pas des performances futures.

