Épinard 🌳#51 - Ça sent le sapin.
Gestion durable des forêts : Tant qu’il y a des arbres, il y a de l’espoir
Hello 🌳
Aujourd’hui, cet émoji prend tout son sens car je vais vous parler d’arbres et de forêts, et plus spécifiquement de leur gestion durable.
C’est bien connu, la promenade du dimanche donne un grand bol d’air frais. Merci à la nature et surtout la forêt, qui est un véritable puits de carbone puisqu’elle capte une bonne partie du CO2 présent dans l’atmosphère.
Pour réduire le CO2 encore plus, il faudrait augmenter le nombre de forêts (et réduire les émissions de gaz à effet de serre, bien évidemment). Mais de l’autre côté, la demande en bois augmente pour répondre à la volonté d’utiliser ce matériau en remplacement de matériaux plus carbonés.
Alors comment concilier les deux ?
Allez, promenons-nous dans les bois tant que le loup n’y est pas.
PS : Le 19 novembre je participe à une table ronde au journal Le Monde sur le thème Les jeunes et l’argent, tu peux réserver ta place ici (et c’est gratuit) 🎙️
Vamos,
Gaël
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🌲Le rôle de la forêt dans le stockage carbone
Remettons les points sur les i et l’arbre au milieu de la forêt : ces espaces boisés occupent 30% du territoire métropolitain. Et cette surface a augmenté de 1,9% ces 10 dernières années, pour atteindre 17 millions d’hectares en 2022.
Ce n’est pas rien.
La forêt est donc considérée comme un puit de carbone, car c’est un système qui absorbe plus de carbone qu’il n’en émet. Mais encore faut-il suivre quelques principes pour éviter que la tendance ne s’inverse.
Ce n’est pas pour rien que l’on parle de poumon vert.
Merci les arbres
Par rapport à d’autres espaces naturels tels que les vignes ou les vergers, la forêt est le système le plus performant quand il s’agit de stocker du carbone.
Les chiffres de l’ADEME sont très parlants : 2 826 MtC sont stockés dans le sol et la biomasse des forêts métropolitaines. Ce qui équivaut aux émissions de gaz à effet de serres émises par la France depuis 20 ans (hors secteur Utilisation des Terres, Changements d’Affectation des Terres et Forêt).
Rien que ça.
Où est stocké ce carbone ?
Dans le sol jusqu’à 30 cm de profondeur.
Dans les matières organiques qui recouvrent la terre.
Dans le tronc, les feuilles, les branches et les racines.
Bien évidemment, la capacité de stockage des arbres dépend de leur essence, de leur âge, des pratiques sylvicoles et des aléas climatiques qui les affectent (incendies, sécheresses, tempêtes, invasions biologiques…).
Le carbone stocké dans le bois reste à l’intérieur de ce dernier même lorsqu’il est coupé. C’est pour cette raison que c’est un matériau intéressant à utiliser pour réduire les émissions de CO2.
Mais la forêt ne joue pas seulement le rôle d’”aspirateur à carbone”.
Elle permet aussi :
De conserver les sols et leur biodiversité.
De protéger contre les aléas naturels.
De filtrer les particules et les polluants (le grand bol d’air frais vient surtout de là).
D’augmenter la disponibilité et la circulation de l’eau.
De jouer un rôle touristique ou de loisirs.
D’approvisionner en matériaux et en énergies avec le bois de chauffage.
💡C'est aussi parce qu'une grande partie du carbone est stockée dans le sol forestier, qu'il n'est pas souhaitable de réaliser des coupes rases. Une fois à nu, le carbone est relaché dans l'atmosphère.
Forêt = bois = matière première
Le bois a cela de merveilleux qu’il stocke le carbone même lorsqu’il est transformé dans différents produits.
Bien évidemment, ce stockage est plus ou moins long en fonction de l’usage :
Courte durée : bois de chauffage, papier et carton.
Moyenne durée : objets d’ameublement.
Longue durée : construction en bois.
À ce jour, le bois prélevé est brûlé à 70 %.
L’objectif est donc de réduire cette part de bois-énergie pour augmenter la proportion de bois-produit pour permettre au matériau de jouer pleinement son rôle de stockage de CO2.
Juste pour info, on parle en moyenne d’1,6 tCo2 évitée par m3 de bois incorporé dans les produits finis.
🪵Faire feu de tout bois pour trouver un équilibre
Ok donc là si vous avez tout bien suivi, vous vous rendez compte qu’on va avoir besoin de plus en plus de forêts pour décarboner l’atmosphère d’un côté, et de l’autre la demande en bois va augmenter pour remplacer des matériaux bien plus polluants (plastique, béton, acier…).
La planification écologique en France vise les 8,9 millions de m3 de consommation de bois pour 2030. En 2022, on tournait à 7 millions.
Ça semble contradictoire dit comme ça.
Parce que même si la proportion de forêts métropolitaines augmente, les prélèvements ne suivent pas forcément.
Les forêts stockent de moins en moins
En 10 ans, la capacité de stockage du CO2 a été divisée par deux.
La principale inquiétude se concentre sur le manque d’eau et les sécheresses, car les arbres se mettent en pause pour grandir lorsque cela arrive.
Mais les forêts sont également de plus en plus :
Malades et vulnérables aux parasites.
Ravagées par les incendies et les tempêtes.
Touchées par le réchauffement climatique, avec des essences qui deviennent non adaptées à leur environnement (l’hêtre, très gourmand en eau, en est un bon exemple).
🪓Deux stratégies envisagées
Alors comment faire ?
Deux grandes options existent et même si elles peuvent sembler contradictoires à première vue, elles sont en réalité complémentaires en fonction de l’état de chaque forêt et des objectifs que cette dernière doit servir (décarbonation, approvisionnement en matière première…).
La moindre exploitation
Cette stratégie consiste à laisser la forêt “vivre sa vie” et réduire les coupes d’arbres. C’est une bonne technique pour augmenter la biodiversité présente dans ces écosystèmes, car le taux de prélèvement se situerait autour de 55%, contre 67% en moyenne aujourd’hui.
Sauf que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas forcément la plus pertinente quand il s’agit de stockage carbone. Et ne parlons pas de l’enjeu économique du bois.
Vieux arbres ne veut pas dire plus grande capacité de stockage dans tous les cas de figure. Ainsi, si ces forêts brûlent, sont ravagées par les parasites ou les tempêtes alors le carbone repartira directement dans l’atmosphère et les efforts pour le stocker seront vains.
Cette stratégie est intéressante sur le court et moyen terme, car la forêt stocke de manière exponentielle. Mais à partir d’un certain âge, un arbre ne va plus capturer autant de carbone et peut même atteindre un bilan nul.
Surtout, la régénération de forêts anciennes demande du temps. Or le réchauffement climatique impacte directement les écosystèmes forestiers qui ont du mal à s’adapter.
Les arbres ont plus de chances de mourir car leur essence ne sera plus adaptée à leur milieu.
L’exploitation accrue
Cette deuxième stratégie se fait dans une démarche plus proactive et en adéquation avec les enjeux de la filière bois. L’objectif est d’avoir un taux de prélèvement de 70% à 75% et de replanter activement derrière, avec un plan de reboisement accéléré.
Elle permet un peu plus de sécurité face aux aléas climatique, mais c’est la biodiversité qui risque d’en pâtir si les forêts deviennent des monocultures. La forêt mosaïque avec ses diverses espèces qui cohabitent est, selon l’ONF, une solution intéressante pour s’adapter aux changements climatiques.
Avec l’exploitation accrue, les arbres les plus résistants et forts sont laissés pour grandir et les plus petits sont coupés pour être utilisés dans les industries du bois d’énergie, de produit ou de construction. In fine, sur le court terme, les émissions de CO2 seraient plus importantes, mais sur le long terme, avec le renouvellement des espèces et des forêts, elles seraient plus basses.
Bien sûr, cela dépend de la réussite des plans de gestion des forêts, de la correspondance entre essences plantées et de l’évolution du climat local et de nombreux autres paramètres.
Au niveau national, suite aux travaux sur la stratégie bas-carbone, c’est l’option de l’exploitation accrue qui a été choisie pour augmenter les ressources disponibles.
Mettre du bois dans son porte-🍃
Bonne nouvelle : L’investissement en forêt est une option accessible aux particuliers avec plusieurs modalités d’acquisition.
En France, les trois quarts des forêts sont privées, ce qui permet “aisément” d’en devenir propriétaire.
Cependant, les prix peuvent s’avérer élevés, avec une moyenne de 4 190€/ha en 2019, bien que cela varie considérablement selon les régions.
Pour les investisseurs, plusieurs approches existent :
Achat en direct : Vous devenez propriétaire de la forêt et responsable de sa gestion. Cela requiert des compétences et du temps pour assurer son bon développement et sa bonne gestion.
Groupement Foncier Forestier (GFF) : Un GFF permet d’acheter à plusieurs des massifs forestiers, généralement avec une gestion déléguée. C’est un peu l’équivalent d’une SCI, avec toutefois un nombre d’investisseurs et d’en-cours limités. Il existe des GFF dédiés à la conservation ou au reboisement, qui ne cherchent pas à générer de profit.
Groupement Forestier d’Investissement (GFI) : Similaire au GFF, mais sans limitation d’investisseurs ni de capital. Le GFI investit dans divers massifs forestiers, permettant ainsi de diversifier votre portefeuille. On peut le comparer à une SCPI pour l’immobilier. Avec La Crèmerie 🥛, on a sélectionné plusieurs GFI intéressant pour leurs pratiques (comité scientifique, mise en place de sylviculture mélangée à couvert continu etc).
Ecotree : Une option plus accessible où l’on peut acheter des arbres (le sol reste la propriété d’Ecotree) tout en contribuant à la gestion durable des forêts.
Investir dans des fonds sélectionnant les entreprises du secteur “bois” (construction, gestion forestière etc) telles que Stora Enso, SCA ou Smurfit Kappa.
Conclusion
Le développement de la filière bois, la réindustrialisation locale et l’adaptation des forêts au changement climatique sont autant de défis qui nécessitent des fonds.
Un.e investisseur.se soucieux.se de l’environnement a donc intérêt à étudier les opportunités offertes par l’investissement en forêt.
C’est encore un secteur ou les choix que nous allons prendre collectivement dans les 5 prochaines années vont dessiner l’avenir des 20 à 50 prochaines. C’est à la fois terrifiant et enthousiasmant. 😨😃
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1 : Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.