Hello 🌳
Aujourd’hui je vous emmène en mer avec moi.
Pas de balade calme au programme, on part au milieu de l’océan à la rencontre des éoliennes offshore.
Parce qu’il y en a des choses à dire dessus, surtout quand on veut en faire la deuxième source d’énergie française en 2050, derrière le nucléaire.
Et c’est compréhensible puisque notre pays possède 5 853 km de littoral.
Ok, mais c’est quoi le problème alors ? Le développement de l’éolien en mer est encore assez lent, malgré les ambitions françaises.
Allez, levons l’ancre, je vous explique tout ça.
(Promis, j’arrête les blagues marines).
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L’éolien en mer, vous voyez sans doute en quoi ça consiste.
Comme sur terre, ce sont de grosses turbines et pales qui tournent au rythme du vent pour produire de l’électricité. Sauf que dans l’océan, ces éoliennes sont bien plus grandes que celles que l’on peut croiser sur l’autoroute en rentrant d’un week-end chez Mamie.
Ces monstres machines des mers peuvent être installées de deux manières différentes :
Posées directement sur le fond marin ; chose que l’on peut faire jusqu’à 50m de profondeur.
Au-delà de 50m, les machines sont montées sur une plateforme flottante ancrée au fond de l’océan avec des câbles.
Mais alors, est-ce que le vent tourne vraiment en faveur de l’éolien ?
🌬 L’éolien offshore pris dans des vents contraires
Les avantages sont notables :
Le rendement est plus grand grâce à un vent plus fort, plus stable et plus régulier en haute mer.
Le coût de production d’un Méga Watt est en constante baisse depuis 2010. On parle d’environ 30% en moins.
C’est un secteur qui crée de nombreux emplois en France. Aujourd’hui le chiffre s’élève à 5 000 nouveaux postes avec une projection à 20 000 à l’horizon de 2035.
L’offshore, c’est loin ! On réduit l’effet NAPI (Non au Projet Ici - Not In My Backyard en anglais). #GauloisRéfractaires tout ça…
Pour autant les résistances sont fortes et les avancées lentes.
Work In Progress
Le premier parc éolien a vu le jour en France à Saint-Nazaire en 2022 en sachant que le projet a été lancé en 2011.
10 ans pour mettre en service un projet, c’est peu surtout si on compare aux autres technologies (👋 le nucléaire).
Avec ses 80 machines implantées sur 78 km2 entre 12 et 20 km des côtes, c’est le seul en France qui tourne à plein régime. Il produit une capacité de 480 MW, ce qui remplit les besoins électriques d’environ 700 000 personnes soit 20% de la consommation électrique des habitant·es de Loire-Atlantique.
Bien sûr, il existe d’autres parcs éoliens offshore en France.
Plus précisément trois :
À Saint-Brieuc avec 62 éoliennes en pleine production depuis cet été
À Fécamp et ses 71 éoliennes, en cours de mise en service
La ferme pilote d’éoliennes flottantes au large des îles d’Yeu et de Noirmoutier avec 3 éoliennes.
Beaucoup d’autres parcs (neuf pour être précis) sont en construction et devraient bientôt voir le jour comme on peut le voir sur cette carte.
Au niveau mondial, c’est la Chine qui est en tête avec 31 GW de puissance installée, suivie du Royaume-Uni avec déjà 14 GW.
Avec 4,2GW installés en 2023, l’Europe était à la traîne.
Mais elle compte bien rattraper son retard et mise gros sur le secteur, avec une ambition de développer 37GW supplémentaire entre 2023 et 2027, dont au moins 3GW en France, avant de viser les 300GW pour 2050. #Tapis
Les coûts
Si l’Europe veut quasi-centupler sa production électrique offshore d’ici 2050 c’est aussi parce que les coûts d’installation et du Méga Watt heure ont baissé. Et drastiquement !
Au début des années 2010, le prix du MWh tournait autour de 200€.
Aujourd’hui, le coût de production tourne à 100€/MWh mais les nouveaux appels d’offres montrent que ces montants descendent encore.
Exemple avec le projet du parc de Dunkerque lancé en 2019 où le prix s’élève à 44€/MWh.
Des estimations parlent même d’un coût à 25-30€ par MWh d’ici 2030.
On est donc sur des coûts sensiblement équivalents à ceux des autres énergies renouvelables, sauf qu’ici les puissances installées sont largement supérieures à l’éolien terrestre ou au photovoltaïque.
Petit bémol, les 44€/MWh étaient le prix annoncé en 2019, depuis l’inflation et la hausse du prix des matières a un peu changé la donne. On verra si le gagnant EDF Energies renouvelables sera capable de tenir sa promesse.
Point important à noter : le prix baisse aussi car la France est en mesure de produire elle-même certains composants tels que les turbines, les pales ou encore les roulements servant à orienter les pales…
Sur ce dernier domaine, le leader mondial est Defontaine dont j’ai eu la chance de visiter l’usine vendéene.
Les défis et les limites
Les éoliennes offshore ne naviguent pas en eaux calmes.
Surtout quand vient la question de l’enjeu environnemental.
L’énergie produite est-elle si “verte” si elle impacte la biodiversité marine ? Vous avez 4h.
WWF met en garde : les éoliennes peuvent être une solution intéressante pour la transition écologique à condition que leur installation ne se fasse pas au détriment de la biodiversité marine.
Il faut faire attention aux :
Aires Maritimes Protégées (AMP).
Sites Natura 2000 en mer.
Routes de passages des espèces marines.
Zones de vent.
Routes commerciales.
…
Qui a la priorité sur quoi alors?
WWF insiste sur la protection du vivant et souligne le manque d’analyses et de recul pour comprendre l’étendu des impacts générés par les champs éoliens offshore.
Résidus de matériaux issus des pieux, modification de l’habitat naturel, changements quant à la colonne d’eau qui la traverse, pollution sonore lors de l’installation qui fait fuir les poissons sensibles…
Il n’y a pas que l’analyse du cycle de vie qui doit être prise en compte pour appréhender la répercussion qu’elles peuvent avoir.
On devrait en apprendre plus davantage dans les prochaines années avec les études réalisées autour des sites déjà en exploitation.
Soutien politique et innovation technologique
Soutien politique
La France vise les 45 GW produits par du vent en mer d’ici 2050.
C’est énorme, surtout quand on sait que chaque projet éolien prend entre 8 et 10 ans pour voir le jour.
Mais, depuis le 2 mai 2024 de nouvelles mesures ont été annoncées pour accélérer ce déploiement et viser cet objectif de neutralité carbone.
Comment ?
Avec le projet de loi de simplification de la vie économique, les délais administratifs pour les procédures de mise en concurrence des raccordements éoliens offshore passent de 2,5 à 3 ans à environ 12 mois. C’est drastique.
La France multiplie les appels d’offres, surtout pour des projets d’éoliennes flottantes. (Reprenez la petite carte au-dessus, vous allez voir tous les ronds).
Et cette tendance se retrouve au niveau européen (comme vu précédement) et même du côté des USA.
Les États-Unis, largement derrière dans le milieu, visent 30 GW d’éolien offshore d’ici 6 ans grâce à l’Inflation Reduction Act (IRA), qui offre des incitations fiscales pour les énergies renouvelables.
Aussi, le gouvernement américain soutient activement la recherche et l’innovation avec des appels d’offres par le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) qui gère l’ouverture des zones offshores.
Innovation technologique
Du côté de l’innovation, les deux principaux axes de recherches consistent à :
Augmenter la puissance unitaire des modèles d’éoliennes, ce qui revient généralement à en faire des plus grandes
Créer des modules flottants capable de s’installer en eau profonde, pour s’installer dans des zones bénéficiants de vents encore plus favorables.
Sur le premier axe, la hausse des taux d’intérêts a fortement ralenti les travaux de développement, les entreprises se concentrant sur la recherche de rentabilité via les modèles existants.
Sur le second, les constructeurs de plateformes pétrolières sont en compétition avec des acteurs spécialisés de l’éolien et même quelques chantiers navals. Le verrou technologique devrait donc sauter d’ici quelques années.
Un secteur chahuté
Si vous aviez investi sur ce secteur en Bourse, votre portefeuille a probablement été bien chahuté ces 5 dernières années…
Même si la demande a explosé (cf paragraphes précédents), le secteur a subi de plein fouet l’inflation des coûts des matières premières et les problèmes d’approvisionnement post-COVID.
C’est principalement la faute de l’acier, dont le prix a quasi doublé entre 2019 et 2022 ce qui a fait grimper en flèche le coût des projets.
De ce côté là, on est maintenant revenu à des prix “normaux” depuis 2023. Les chaînes d’approvisionnement restent tendues avec une concurrence qui s’intensifie.
Du côté du financement, la hausse des taux a fortement réduit les marges des constructeurs et des exploitants, rendant les développements de nouveaux projets plus coûteux et freinant les projets d’innovation.
La qualité a été un sujet majeur avec les déconvenus de Siemens Gamesa sur ses éoliennes terrestres avec des défauts de fabrication sur 15 à 30% des modèles vendus (fissures dans les pales, problèmes de roulements…). Ce qui assombri fortement ses perspectives financières.
Cette entreprise était présente dans la plupart des fonds “éoliens” en tant que co-leader du secteur.
C’est un peu le Boeing de l’éolien quoi, incontournable mais pas au niveau…
Et pour couronner le tout, le gouvernement chinois soutien activement, via des subventions, les industriels locaux qui sont ainsi en capacité de tirer les prix vers le bas accentuant la pression sur les acteurs européens.
Les prochaines années pourraient voir le marché se consolider autour de quelques leaders capable de mener des projets clés en main gagnant ainsi en compétitivité par rapport aux acteurs chinois.
Conclusion
Voilà pour cette édition sur l’éolien offshore.
Je me dis qu’on n’a pas fini de voir des projets sortir de mer mais que côté investissement ça peut encore tanguer pendant quelques années.
Comme à chaque fois, dis-moi ce que tu en as pensé :
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1 : Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.