Hello 🌳
Le soleil brille, les vacances approchent (ou sont déjà là) et vous avez sans doute plus envie de siroter un verre en terrasse que de lire une dissertation sur le recyclage des métaux.
Promis, on va faire ça vite et bien !
Si on parle métaux, c’est que la transition écologique en consomme beaucoup, vraiment beaucoup.
Les recycler permettrait de :
Sortir de la dépendance des importations pour l’approvisionnement.
Réduire l’empreinte carbone et les impacts environnementaux et sociaux liés à l’extraction.
Créer de nouveaux emplois et (re)valoriser le savoir-faire français avec la réindustrialisation du pays.
Alors dans cette édition, on revient sur :
Métaux précieux et terres rares : de quoi parle-t-on ?
Les enjeux du recyclage
La position de la France là-dedans
Des pistes pour investir dans le secteur
PS : Restez connecté dimanche prochain, c’est l’arrivée du Tour de France édition spéciale coulisses (quelle suite pour Epinard, il se passe quoi à La Crèmerie) avant de marquer une pause pendant le mois d’août.
Bonne lecture !
Gaël
Métaux précieux et terres rares : la mine d’or de la transition écologique
Avant de plonger dans le recyclage, faisons un point sur les matériaux rares pour comprendre exactement de quoi on parle (enfin, sur quoi j’écris surtout).
Il faut savoir qu’il existe 4 types de métaux différents :
Les métaux de base : aluminium, chrome, cuivre, étain, fer, magnésium, manganèse, plomb, nickel, titane, zinc.
Les métaux précieux : argent, iridium, or, osmium, palladium, platine, rhodium, ruthénium.
Les métaux de l’énergie nucléaire aussi appelés actinides : plutonium, thorium, uranium.
Et tous les autres.
Leur rareté dépend de la présence mesurée dans la croûte terrestre (entre < 1 ppm (partie par million) pour les métaux très rares comme l’or, l’argent et les platinoïdes ; et > 1 000 ppm pour les métaux abondants comme l’aluminium, le fer ou le titane), mais aussi de leur facilité d’extraction. C’est notamment le cas pour les terres rares, qui portent ce nom mais ne le sont pas toujours.
Ces dernières sont surtout difficiles à extraire d’un point de vue technique (il faut avoir de sacrés engins pour les récupérer), économique (ça coûte beaucoup d’argent) et écologique (ça pollue beaucoup, vraiment beaucoup).
Pourquoi je vous parle de tout ça ?
Parce qu’un matériau rare ne l’est pas forcément en tant que tel.
Ce sont les conditions d’extraction, les risques liés à la production, l’utilisation et la gestion de fin de vie qui déterminent l’aspect critique d’une matière première.
Avec les enjeux de la transition écologique, les besoins explosent et la tension sur ces matières premières s’intensifie.
Quelques chiffres pour en comprendre l’ampleur :
Selon une étude de l’OCDE datant de 2019, la consommation de métaux passerait de 7 à 19 milliards de tonnes par an d’ici 2060. Pour les littéraires au fond de la salle, ça fait presque 3 fois plus.
D’ici 2050 le besoin en lithium va augmenter de 488% ; pour le graphite on est à 494 % et le cobalt avoisine les 460 %.
Et c’est là que le recyclage rentre en jeu.
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Rien ne se perd, tout se transforme : les enjeux du recyclage
Les métaux sont recyclables à l’infini. En théorie c’est une très bonne chose. Dans la pratique on en est encore loin.
Géopolitique des minerais
Être capable de recycler les métaux déjà présents sur son territoire peut permettre de réduire la dépendance aux pays producteurs de matière première.
Et oui, quelques pays seulement jouent un rôle stratégique dans le secteur. Ce sont eux qui concentrent les minerais et le savoir-faire pour les transformer :
La Chine contient divers minerais très utiles pour les nouvelles technologies. Sa force vient surtout du fait qu’elle transforme environ 80% des métaux présents dans les batteries des voitures électriques et qu’elle possède les outils et les compétences pour.
L’Afrique du Sud
Le Chili
L’Australie
La Russie
La République Démocratique du Congo
Le Brésil
Je ne vous donne pas le nom de chaque minerai présent dans chaque pays, ce n’est pas forcément l’important ici.
En plus, votre verre est en train de tiédir.
Et l’environnement, tu y as pensé ?
Recycler les métaux précieux, c’est :
Émettre moins de CO2 comparé à l’extraction + raffinage
Moins de pollution des sols
Moins de consommation d’eau
Ce trio gagnant ne fonctionne que si on recycle “correctement” les métaux.
Une raison plus pour s’y coller plutôt que de laisser ça à d’autres qui le feront dans de mauvaises conditions.
Émissions de CO2
Ainsi, recycler une tonne de cuivre économise environ 2,2 tonnes de CO2 comparé à l’extraction.
Et quand ça concerne l’aluminium, l’économie est d’à peu près 6,4 tonnes de CO2.
Soit 231 130km en TER. Ça fait beaucoup.
Pollution des sols
Mais, l’angle écologique pose aussi la question des techniques utilisées pour l’extraction et la transformation des minerais.
La pollution des sols autour des gisements et la qualité de vie des travailleur·euses et habitant·es locaux et locales est à prendre en considération.
Plusieurs campagnes médiatiques bien relayées en font régulièrement état depuis une dizaine d’années, comme par exemple cet article du Monde.
Consommation d’eau
Les quantités d’eau utilisées pour l’extraction sont astronomiques.
Un chiffre choc (parfait à ressortir à l’apéro) : la mine d’Escondida, qui est la plus grande mine de cuivre au monde, utilise environ 1 400 litres d’eau par seconde.
PAR SECONDE.
Le temps de lire ces trois phrases et ce sont déjà 4 200 litres qui sont partis.
Avec le réchauffement climatique, je pense qu’on est d’accord pour dire que l’eau va devenir l’or bleu du siècle et qu’il vaut mieux chercher à l’économiser.
D’ailleurs, on reparlera de l’eau d’ici la fin de l’année.
Alors, on en est où en France ?
Ok, c’est bien beau de vouloir recycler et sortir de la dépendance aux autres pays mais est-ce que la France met en place des actions pour y arriver ?
Réouvrir des mines ?
La relance du secteur minier est une option pour répondre aux besoins croissants liés à la transition écologique.
Sauf qu’en France il n’y a pas eu de campagne d’exploration moderne pour trouver de nouveaux gisements.
Et le savoir-faire métallurgique a plus ou moins disparu ces dernières années.
La production de cuivre affiné et de zinc, pour ne citer qu’eux, est au point mort, les dernières entreprises ayant fermé il y a 20 ans.
Des nouvelles initiatives voient le jour comme avec l’entreprise Imerys dont je vous ai déjà parlé dans l’édition sur les batteries.
Avec l’ambition d’ouvrir une mine de lithium pour créer les composants lithium de 700 000 véhicules électriques chaque année, il y a du potentiel quant à la création de nouveaux emplois sur toute la chaîne de valeur.
Mais pour y arriver, il faudra réussir à convaincre de ses capacités à extraire “proprement”, si cela est même possible…
Alors pourquoi ne pas s’affranchir tout simplement de l’extraction ?
Et petite pirouette : on en revient à la question du recyclage.
Le recyclage et les mines urbaines
“En France on n’a pas de minerais, mais on sait recycler !” - Citation approximative d’un politique d’une autre époque.
Nos poubelles sont de véritables mines d’or (et pas seulement).
Les amas de déchets électroniques et d’équipements en fin de vie où se trouve une quantité de composants remplis de métaux plus ou moins rares (lithium, cuivre, or…).
Par exemple, une tonne de téléphones peut contenir environ :
300 à 400 grammes d’or
100 à 200 kg de cuivre
2 à 3 kg de lithium contenu dans les batteries
Dans le monde, seuls 1/3 des 60 différents types de métaux qui existent sont recyclés à 50% et 34 éléments sont recyclés à moins de 1% ce qui veut dire qu’ils ne le sont tout simplement pas.
S’il est vrai que l’Europe a réagi tardivement face à ces questions d’approvisionnement et de dépendance, certains matériaux comme l’acier, le cuivre et l’aluminium déjà sont plus ou moins bien recyclés, notamment en France.
Au-delà de devenir plus autonome sur la production de matières rares, l’enjeu majeur reste de produire avec un prix de revient inférieur ou équivalent à l’extraction des minerais.
Pour y arriver, il y a plusieurs défis à relever :
Collecter suffisamment
Recycler au bon niveau de qualité
Concevoir pour recycler
Marché mondialisé et boucle bouclée
La collecte
Quand on sait qu’à peine 15% des smartphones sont recyclés dans l’Union Européenne, il reste de la marge.
Et c’est vrai plus largement pour toute l’électronique qui renferme pourtant de nombreux métaux.
La raison de cette non-collecte, s’explique en partie par le travail titanesque à mettre en œuvre pour dépecer le matériel, séparer les sous-assemblages avant de pouvoir penser à séparer les différents métaux.
Un travail loin difficilement rentable pour les petites entreprises qui s’en occupent.
Recycler en qualité
Et même si elles arrivaient à le faire, se pose ensuite la question de la qualité du métal recyclé.
Recycler les alliages complexes demande une maîtrise technique importante pour garantir au métal recycler les exigences techniques et réglementaires des acheteurs.
Encore une fois, c’est possible mais ça coûte cher.
Concevoir pour recycler.
Bon, tout ça, c’est aussi un peu la faute des ingénieurs.
Si l’on ne précise pas dans le cahier des charges que l’objet doit être pensé pour être recyclé en plus de son usage premier, on obtient ce qu’on a actuellement : des objets non démontables, non réparables, non recyclables…
Marché mondialisé et boucle bouclée
Ironie du sort, une fois le matériau entièrement recyclé en qualité, il se retrouve sur un marché mondial d’offre et de demande.
Et devine qui est le plus gros acheteur ?
La Chine, car c’est là-bas que se trouvent le savoir-faire et les outils pour réutiliser les métaux précieux dans les batteries, l’électronique ou les ENR qu’ils vont produire.
Un pays qui n’a pas trop intérêt à tirer une balle dans son industrie extractive…
L’avenir se joue donc dans les alliances pour combiner les compétences au niveau des connaissances et des techniques de recyclage et de transformation sur toute la chaîne de valeur.
Le Plan France 2030
Les choses commencent doucement à changer en France.
En 2021, Emmanuel Macron crée le Plan France 2030 pour investir 2 milliards d’euros par an dans des entreprises d’avenir qui agissent pour le développement technologique dans des secteurs comme l’énergie, la santé et la transition écologique.
Lors de l’appel à projet, cinq entreprises ont été retenues et bénéficieront d’un soutien de 100 millions d’euros:
Imerys dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises et qui veut créer la première exploitation minière française de lithium.
Viridian Lithium (Bas-Rhin) qui veut être la première raffinerie française de lithium.
Eramet, avec son projet ReLieVe, a pour ambition de devenir un acteur majeur du recyclage des batteries pour extraire et transformer le lithium, le nickel et le cobalt.
Sanou Koura (Ardennes) vise à extraire tous les métaux critiques que l’on retrouve dans les déchets électroniques grâce à des processus innovants.
WeeeCycling (Normandie) est une pionnière dans le recyclage des métaux précieux. Cette entreprise est la première et la seule à ce jour à produire des matériaux qui répondent aux normes industrielles sans extraction minière. Tout provient du recyclage de déchets électroniques.
Toutes ces initiatives n’en sont qu’à leurs débuts. Et c’est normal, la réindustrialisation de la France ne va pas se faire du jour au lendemain. Mais elles ouvrent la voie du recyclage des matériaux précieux.
Comment investir dans le secteur ?
On le voit, l’Europe (et la France) pousse le secteur privé à s’emparer du sujet pour gagner en indépendance.
Alors pour miser sur ce secteur, ce n’est pas évident…
Il existe de nombreux fonds autour des métaux de la transition ou des terres rares, mais ils contiennent plutôt les entreprises de la chaîne de valeur “classique” (extraction, raffinage etc).
On peut donc se tourner vers une sélection de quelques entreprises cotées en Bourse :
Imerys, que j’ai déjà évoquée mais dont l’activité ne se concentre pas sur le recyclage a proprement parler
Derichebourg, le français qui a la double casquette collecte des déchets et recyclage des métaux
Befesa, l’espagnol spécialiste du recyclage de l’acier et de l’aluminium
Umicore, le belge spécialisé en matériaux et recyclages => Attention toutefois, le groupe fait l’objet de plusieurs controverses sur la pollution de ses activités
Véolia a également sa filiale spécialisée métaux
Mais il faut garder en tête que le gros du travail est aujourd’hui réalisé par des PME-ETI dans lesquelles, il vous sera difficile d’investir.
Parfois quelques opportunités se présentent sur les plateformes de financement participatif, j’ai en tête notamment Metamo qui propose du réemploi de structures métalliques.
Conclusion
Dans un monde où les gisements naturels ne sont pas sans fin, il va bien falloir s’intéresser à ce qu’on a déjà jeté.
Bon ça y est votre verre est chaud, mais j’espère que vous y voyez un peu plus clair sur ce secteur.
Dis-moi ce que tu en as pensé 👇
On se retrouve la semaine prochaine pour une édition sur les coulisses avant de marquer une pause pendant le mois d’août.
PS 1 : Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.