Épinard 🌳#45 - Impact & Private Equity
Histoire d’amour impossible ou futur de l’investissement ?
Hello 🌳
Aujourd’hui, on plonge dans l’univers fascinant et complexe du Private Equity, ou capital-investissement pour les intimes. Pourquoi un zoom spécifique sur ce sujet ? Parce qu’il devient omniprésent dans les stratégies d’investissements et que je suis convaincu de son impact. Cela ne vous a sans doute pas échappé que depuis les années 2010 et la mode des startups, les levées de fonds ont le vent en poupe (contrairement à cette expression utilisée environ 3 fois par an). Quelques chiffres pour une mise en bouche :
En 15 ans, les investissements dans les startups sont passés de 600M€/an en 2008 à 8,3 millards €/ an en 2023, soit une croissance de +1 380%. Oui, c’est énorme. (1)
En 20 ans, la capitalisation des actifs mondiaux du capital-investissement a fait x10. (2)
Mais alors, qu’est-ce le Private Equity ? Comment est-ce que ça fonctionne ? Est-ce vraiment possible d’avoir un impact positif avec ce type d’investissement ?
Promis, je vulgarise tout ça pour que vous deveniez incollable (ou presque) sur le sujet.
J’essaye de vous donner un maximum de réponses et de pistes de réflexion parce qu’aujourd’hui on aborde :
Les 4 types de financement direct qui existent dans le “Private-Equity”
Le fonctionnement, le retour sur investissement et la performance du capital-investissement.
Les limites de ce type de financement.
Les critères à regarder pour mesurer l’impact positif.
Let’s go !
Gaël
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Avant même de rentrer dans le pourquoi du comment, reposons les bases de ce qu’est le Private Equity. Acronymes et anglicismes risquent d’envahir cette édition mais pas de panique, je vous ai concocté un Glossaire à la toute fin pour y voir plus clair.
Private Equi-quoi ?
Le Private Equity, appelé “capital-investissement” parfois “actionnariat privé” est une classe d’actifs qui permet d’investir dans des sociétés qui ne sont pas cotées en Bourse grâce à l’achat d’actions de startups ou de PME. Tout l’inverse du Public Equity qui investit dans des entreprises cotées, la Bourse quoi.
Il existe 4 types d’investissements en fonction de la maturité de l’entreprise :
le capital-risque
le capital-développement
le rachat ou la transmission d’entreprise (LBO)
l’infra (Infrastructure Investment)
Pas de panique, je vous explique tout en détail juste après.
Quand on investit avec ce type d’actifs, l’horizon de placement est long : entre 7 et 10 ans en fonction du type d’investissement. Le rendement-risque est élevé et ce placement est très peu liquide. On le conseille donc plutôt pour des profils :
prêt à prendre du risque
ayant un horizon de temps long
et n’ayant pas besoin du montant placé à court et moyen terme
Mais c’est une manière d’avoir un vrai impact mesurable. Vous (ou le fonds) êtes propriétaire d’une partie de l’entreprise, vous pouvez donc influencer sa stratégie de développement. Une manière d’agir sur l’économie réelle et parfois locale en aidant concrètement les entreprises à côté de chez vous à se lancer, à se développer ou à faire face aux crises qu’elles traversent.
On parle plus communément de fonds de Private Equity car il s’agit avant tout de fonds permettant de mutualiser les investissements dans plusieurs entreprises selon une thématique particulière (tech, décarbonation, IA…). Il y en a pour tous les goûts.
[Sponsor] Investir dans la transition agroécologique avec Fermes en Vie
Oui c’est bien du Private Equity mais sur un format un peu particulier, l’investissement dans les terres agricoles.
Je suis ravi de vous parler de Fermes en Vie (FEVE), une entreprise à mission qui contribue à la transition agricole. En tant que foncière solidaire, FEVE permet aux particuliers d'investir dans des fermes agroécologiques. Pour faire simple, leur modèle consiste à acheter des fermes grâce à l'épargne citoyenne et à les mettre à disposition de nouveaux agriculteurs via un bail rural avec option d'achat.
Votre investissement permet à de nouveaux agriculteurs-ices de s’installer et en contrepartie ils doivent développer des pratiques respectueuses de l’environnement au sein de la ferme. C’est le cas de Vivian et Julie (que j’ai pu rencontrer) qui après plusieurs tentatives ratées, ont pu s’installer dans les Landes grâce à FEVE et diversifier 167ha anciennement cultivés en maïs.
Et ce n’est qu’un exemple ! FEVE a déjà levé 17 millions d'euros, financé 20 fermes et converti 1378 hectares en agroécologie.
En tant que particulier, l’investissement dans la foncière agricole de FEVE est accessible dès 500 euros et donne droit à une réduction d’impôts sur le revenu de 25% du montant investi.
D’ailleurs si tu souhaites simuler ton placement à la fois sur le volet financier et l’impact, c’est par ici :
Pour en savoir plus et prendre part à l’initiative :
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Et si les fonds de Private Equity ont tant la cote en ce moment c’est parce que les levées de fonds des startups ont fait beaucoup de bruit ces dernières années. Parmi les plus connus on retrouve, en France surement Bpifrance (déclinés sous plusieurs fonds de la Banque Publique d’Investissement) et au niveau mondial Y Combinator, qui est à la fois un fonds et un incubateur de startups (Airbnb, Stripe, Dropbox…).
Ce que je trouve hyper intéressant, c’est que depuis 1 ou 2 ans j’observe une nouvelle vague de fonds de Private Equity centrés sur la transition écologique.
Si on était habitué à voir certaines sociétés de gestion engagées en proposer, Mirova par exemple, c’est maintenant des acteurs historiques du financement des startups et des PME qui lancent leurs fonds : Serena, Axeleo, Siparex, Tikehau, 50 partners …
Le problème qui se pose c’est de savoir si l’ambition première de rentabilité du Private Equity est compatible avec les questionnements et le modèle des entreprises à impact. Parce que cette classe d’actifs présente une performance financière sur 10 ans de 14,2% (en 2022), et surperforme toutes les autres classes d’actifs (bourse, immo…) sur le long terme.
Puissance 4 : les différentes stratégies d’investissement
Il existe quatre modes de financement dans le Private Equity. C’est maintenant qu’il faut accrocher sa ceinture.
Le capital-risque ou Venture Capital (VC).
Il s’agit des fameuses levées de fonds pour aider les startups à se lancer. Cet investissement vise à aider les entreprises qui sont au début de leur aventure et qui doivent encore prouver la viabilité de leur modèle économique.
Vous financez l’innovation et la croissance rapide de startups à fort potentiel. La plus-value se fait à la revente des parts auprès d’un autre fonds ou en cas d’introduction en bourse.
Le capital-développement ou Growth Capital.
L’investissement se fait dans des sociétés qui ont déjà pérennisé leur business model mais qui souhaitent maintenant se développer plus rapidement en lançant un nouveau produit, en augmentant leur clientèle ou en testant un nouveau marché (nouveau secteur, nouvelle géographie etc).
Vous investissez pour soutenir la croissance de l’entreprise sans que la structure de cette dernière soit fondamentalement changée. Cette fois-ci, la plus-value se fait grâce à la croissance de la boîte et l’augmentation de sa valeur sur le marché.
Le capital-transmission ou le rachat d’entreprise (LBO).
Là on rentre dans les acronymes anglais (un bon combo) avec le LBO qui veut dire Leveraged Buy-Out. Ce type d’investissement se fait lorsque l’entreprise est déjà mature. Les fonds des investisseurs et des investisseuses servent à préparer la transmission et le rachat de l’entreprise.
Pour faire simple, on vient acheter à crédit une entreprise, les bénéfices de cette dernière permettent de rembourser les échéances. Comme pour un achat immobilier, cela permet d’être propriétaire sans avancer la totalité de la valeur du bien.
Ce type d’investissement est sans doute le plus complexe et le plus risqué car cela nécessite une restructuration et un endettement.
L’infrastructure Investment (Infra)
C’est un peu le même fonctionnement que pour les autres sauf qu’ici les fonds de Private Equity sont utilisés pour investir dans des infrastructures qui prodiguent des services essentiels. Cela peut concerner :
les services publics
les transports
les infrastructures sociales comme les écoles ou les hôpitaux
l’énergie
J’espère ne pas vous avoir perdu avec toutes ces explications.
Continuons.
Comment fonctionne un fonds de Private Equity “classique” ?
Ok, maintenant que je vous ai donné la théorie, concrètement comment ça fonctionne pour investir dans des fonds de Private Equity ?
Il existe deux manières de s’y prendre :
L’investissement direct dans des entreprises qui sont en train de faire des levées de fonds grâce au crowdfunding et les plateformes de financement participatif ou en tant que Business Angel.
L’investissement via des fonds de Private Equity spécialisés qui vont ensuite répartir votre capital dans plusieurs entreprises selon une stratégie définie.
Aujourd’hui, on va plutôt parler de la seconde manière.
Bon, qu’est-ce qu’il se passe exactement à partir du moment où tu mets du capital et que tu le récupères quelques années plus tard ?
Premièrement : la levée de fonds. Le fonds va commencer à chercher des investisseurs et des entreprises dans lesquelles investir. Cette étape va durer de 2 à 5 ans, et vous allez devoir placer votre argent en une ou plusieurs fois.
Deuxièmement : l’investissement. En fonction du stade de maturité des entreprises et de leurs objectifs, le fonds reste investi et participe aux décisions stratégiques sur plusieurs années, souvent entre 4 et 10 ans. L’objectif va être d’améliorer l’efficacité de l’entreprise, d’augmenter sa rentabilité, ses processus ou encore de réduire ses coûts afin d’augmenter la plus-value des sous que vous avez investis.
Troisièmement : la sortie. Cette étape peut être enclenchée de différentes façons :
la vente de l’entreprise
l’introduction en Bourse
le rachat par la direction
En tant qu’investisseur, vous récupérer votre mise au fur et à mesure des différentes ventes, généralement sur 2 à 5 ans.
L’objectif sera toujours de vendre au bon moment afin de faire la plus grande plus-value possible. Et le feu ça brûle, et l’eau ça mouille. 😉
Vous allez récupérer votre investissement initial + une rentabilité minimale définie en amont.
Les gérants, eux, vont recevoir leur part de profits, que l’on appelle les carried interests. Ka-tching.
Habituellement, c’est un pourcentage des profits, fixé à 20%.
Et c’est là que vous comprenez la motivation première de faire la plus grande plus-value possible, au détriment de nombreuses choses : le bien-être salarial, l’impact environnemental et social, par exemple. Le fonds doit atteindre un seuil minimal de rentabilité afin que les gérants puissent toucher leur part*.*
Les limites
Bien évidemment, ce modèle est loin d’être parfait. Surtout quand on prend en considération les impacts sociaux et environnementaux.
Cette quête de rentabilité à tout prix pour maximiser la plus-value peut aller à l’encontre :
Des salariés, qui peuvent voir leurs conditions de travail modifiées pour améliorer la rentabilité
De la communauté locale, dont les objectifs long terme sont parfois en contradiction avec ceux court terme de l’entreprise.
Des dirigeants, qui peuvent être écartés s’ils ne concrétisent pas les attentes du fonds.
Et même de l’entreprise elle-même en cas de LBO avec une mauvaise valorisation
Heureusement, certains fonds de Private Equity bousculent les cartes et tentent de faire les choses différemment.
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Comment le Private Equity peut-il créer de l’impact ?
Plus vous avancez dans cette newsletter (si vous êtes encore là, merci) et plus vous avez sérieusement du mal à voir comment le Private Equity peut avoir un impact positif ?
Promis, c’est possible.
1. Financer des entreprises durables
Déjà, les fonds peuvent sélectionner les entreprises à l’aide des fameux critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). C’est la solution la plus “facile” quand il s’agit d’avoir un impact puisque cela permet aux startups engagées sur ces questions de se déployer et de toucher une plus grande part du marché.
Sans financement, difficile de devenir un modèle économique durable et reproductible. CFQD.
Investir dans des pratiques responsables permet d’injecter de l’argent dans des entreprises qui ont pour ambition de créer des emplois durables et de qualité avec des solutions qui agissent pour un meilleur futur. L’impact est tangible et peut vraiment être positif.
2. Aligner les intérêts des entreprises et des investisseurs
Mais cela n’est pas suffisant.
C’est le modèle en lui-même qui est à questionner pour avoir un impact positif effectif.
Et ce, sur deux points en particulier :
la quête de rentabilité à tout prix
l’horizon de placement
Pour éviter une quête de rentabilité dénuée de sens, les fonds de private equity à impact rajoutent des critères extra-financiers pour valider l’obtention des fameux carried interests.
Ainsi le développement et la rentabilité ne se basent plus uniquement sur l’augmentation du chiffre d’affaires. Les critères extra-financiers peuvent tourner autour de la création d’emplois locaux, de la baisse des émissions, des écarts salariaux etc. Ces nouveaux KPIs permettent de mesurer l’impact réel positif sans prendre seulement en compte l’aspect financier.
💡 C’est d’ailleurs comme cela que fonctionne Racine2, le fonds commun à Make Sense, Serena et la MGEN : la partie variable se base à 50% sur l’atteinte des objectifs d’impact.
Autre option réaligner les intérêts : le fonds Evergreen. Sans horizon de sortie fixe, la quête de rentabilité se fait donc sur le long terme et non plus sur une dizaine d’années. Les intérêts entre les actionnaires et les entreprises sont mieux alignés et les investisseurs et investisseuses peuvent placer leur capital en dehors des levées de fonds.
La vision long terme devient une norme et le fonds n’est plus obligé de chercher la meilleure rentabilité sur le court terme et donc de miser sur les entreprises au potentiel court terme.
Conclusion
En résumé si vous souhaitez investir dans cette classe d’actif un peu particulière qu’est le Private Equity, je ne peux que vous inciter à vérifier :
les thèses d’investissements pour assurer que le fonds sélectionne des entreprises engagées dans la transition
L’alignement des intérêts entre planète, entreprise , gérants et investisseurs : critères de performances, critères d’obtention du carried, durée du fonds …
On arrive à la fin de cette édition un peu plus technique que d’habitude , j’espère qu’elle vous a plu et permettra de vous éclairer sur cet investissement parfois nébuleux.
Alors dis-moi ce que tu en as pensé 👇
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1: Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
GLOSSAIRE
Capital-Risque (VC) : Investissement dans des startups en phase de lancement avec un gros potentiel de croissance.
Capital-Développement : Financement de la croissance des entreprises au business model établi.
Rachat d’Entreprise (LBO ou Leveraged Buy Out) : Acquisition d'entreprises matures avec de la dette.
ESG : critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Infra : Investissements dans des infrastructures essentielles.
Carried Interests : Part des profits des gestionnaires de fonds, les General Partners.