Épinard 🌳#37 - L’électricité est dans le pré
Agrivoltaïsme 🌾⚡Coup de foudre au premier panneau.
Hello 🌳
On se retrouve pour une nouvelle édition quelque peu électrique aujourd’hui puisque l’on va parler d’agrivoltaïsme.
Agrivolta quoi ?
Peut-être qu’au détour de vos promenades en pleine campagne vous les avez déjà croisées ; je parle de ces rangées de panneaux photovoltaïques qui poussent comme des champignons parmi les cultures agricoles. Parfois, ce sont des moutons ou des bovins qui paissent entre ces haies technologiques.
Ces dernières années, elles ont le vent en poupe. Ou plutôt le soleil en ligne de mire.
Mais alors, peut-il vraiment y avoir synergie entre production agricole et production d’énergie renouvelable ? Est-ce un bon moyen pour limiter les risques financiers de l’agriculture tout en atteignant les objectifs de la transition écologique ?
L’agrivoltaïsme est-ce l’avenir de l’agriculture ?
Creusons tout cela ensemble.
Avant de se lancer une news :
Il est sorti ! L’épisode du podcast Les Pépéttes dans lequel je reviens sur mon parcours d’investisseur, sur l’importance de l’investissement responsable dans la transition et pourquoi je n’ai toujours pas changé de banque 😅 A retrouver sur votre plateforme préférée ici.
Cette fois-ci c’est bon ! Let’s go !
Gaël
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⚡L’agrivoltaïsme : un concept récent
Si on en entend beaucoup parler dernièrement, l’agrivoltaïsme est très récent. C’est Christian Dupraz, chercheur à l’INRAE (Institut National de Recherches pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) qui utilise le terme d’agrivoltaïsme pour la première fois en 2012.
Depuis la loi de mars 2023 pour l’accélération de la production d’énergies renouvelables a permis d’accélérer sur ce sujet et de commencer à l’encadrer.
Il définit l’agrivoltaïsme comme une synergie qui se met en place lorsqu’une installation photovoltaïque est installée sur des terres agricoles et que cette première apporte des bénéfices à la deuxième (et idéalement pas uniquement financiers).
Ce point est extrêmement important et concentre tout l’intérêt du projet.
S’il n’y a pas de bénéfices agricoles apportés par les panneaux, ce n’est pas de l’agrivoltaïsme.
On transforme juste des terres arables en centrale électrique.
Et là, on peut dire au revoir à notre autonomie alimentaire.
À première vue, cela peut paraître contradictoire, les cultures/les animaux ayant besoin du même soleil que celui qui alimente les panneaux.
Mais les panneaux peuvent jouer un rôle bénéfique de protection des cultures contre les aléas climatiques (sécheresse, canicule, grêle…) ou d’ombrage pour les animaux (et leur bien-être).
Il existe quatre grandes typologies de projets :
Les ombrières dynamiques où les panneaux suivent le soleil au fil de la journée. Cela forme une véritable canopée voltaïque.
Les ombrières fixes.
Les serres photovoltaïques.
Les centrales au sol sous forme de haies où les panneaux sont à la verticale.
Et parce qu’une image vaut 1000 mots :
[SPONSOR] Investir dans l’agrivoltaïsme avec Enerfip, c’est possible ! Un grand merci à Enerfip qui sponsorise cette nouvelle édition.
Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, Enerfip, c’est la 1ère plateforme de financement participatif pour les projets d’énergie renouvelables.
Et depuis quelques mois, on y retrouve des projets d’agrivoltaïsme.
Comme la campagne de Mana Energie clôturée fin janvier qui a permis de financer le développement de 27 projets d’installations agrivoltaïque en France. Tous correspondants à la définition de l’ADEME.
Intéressé.e ?
Vous pouvez créer votre compte pour ne pas rater les prochaines campagnes. Enerfip vous fera bénéficier de 30€ offerts une fois votre inscription validée.
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Même si ce n’est pas de l’agrivoltaïsme, vous pouvez en ce moment financer la construction de 32 centrales en toitures en Guyane, en Martinique et en métropole. L’ensemble de ces projets produiront plus de 4 250 MWh/an. 3 d’entre eux sont même déjà mis en service, les autres sont prêts à construire ou en cours de construction et seront mis en service entre février et juin 2024.
Sunilios, la société qui porte les projets, souhaite donc lever 1,5M€ auprès des citoyens sous forme d’obligation simple d’une durée de 3 ans avec un taux d’intérêt de 7,5%.
Pour rappel, l'investissement participatif présente un risque de perte en capital et les rendements ne sont pas garantis.
🌾Qu’apporte l’agrivoltaïsme à l’agriculture ?
Premier constat en préparant ce dossier, la littérature scientifique sur le sujet est bien maigre.
Il faut donc se tourner vers les premières expérimentations en cours pour comprendre les avantages que peuvent apporter ces projets.
En voici les principaux :
Une meilleure résistance des cultures aux grosses chaleurs grâce à l’ombre apportée par les panneaux. S’ensuit une diminution de l’utilisation d’eau pour irriguer puisque les cultures souffrent moins d’un soleil direct. Christian Dupraz parle même d’une diminution pouvant aller de 30 à 35 %.
Une protection aussi contre les gelées, les terres étant moins exposées au vent et au froid.
Une protection contre la grêle, notamment pour les arbres fruitiers.
Une amélioration du bien-être animal puisque ces derniers peuvent s’abriter sous les panneaux en cas de forte chaleur.
Une diversification des revenus pour les agriculteurs et agricultrices avec l’ajout d’une rémunération stable et régulière par la production d’électricité.
Ces premiers retours, bien que positifs, sont à prendre dans leur contexte : celui d’expérimentations souvent en partenariat avec des groupes privés ayant tout intérêt à ce que l’agrivoltaïsme se développe.
Zoom sur une expérimentation grandeur nature : Amance
En Saône-et-Loire on peut retrouver une ferme pionnière où le voltaïque côtoie les cultures à grande échelle.
C’est la société TSE qui, en 2022, a installé 5 500 panneaux solaires sur environ 3 hectares de terrain.
Le modèle de canopée agrivoltaïque a été privilégié, chaque panneau étant accroché à 5m du sol avec des poteaux espacés de 27m d’écart, de quoi laisser passer toutes les machines agricoles en dessous, ou presque.
L’empreinte au sol est donc minime : 1%.
Mais, la production d’électricité n’a rien d’une petite ambition avec ses 3,2 GWh/an, soit deux fois la consommation des 600 habitant·es du village d’Amance.
Concernant la complémentarité photovoltaïque - cultures agricoles, la synergie semble porter ses fruits. L’agriculteur Sylvain Raison est satisfait des premiers résultats qu’il constate déjà sur ses cultures de soja :
Une baisse de 75 % du stress hydrique sur ses plantations.
Jusqu’à 25 % de différence de rendement sous la canopée agrivoltaïque de 3 hectares comparé au terrain témoin de 2 hectares.
Une température maximale sous l’ombrière inférieure de 1,2°C en comparaison avec la zone témoin.(1)
Plutôt intéressant pour une région qui a connu des étés chauds et secs ces dernières années.
👩🌾Et les agriculteurs-rices là-dedans ?
C’est un des arguments phare de l’agrivoltaïsme.
Il permettrait de diversifier les revenus pour les agriculteurs et agricultrices et de limiter les aléas financiers du métier.
Voyons comment cela fonctionne pour eux.
Location du terrain contre projet clé en main
La majorité des projets se font en partenariat avec un installateur qui finance les études préalables, le matériel, l’installation et la maintenance.
Car il faut compter en moyenne 5 ans entre la prospection et l’installation voltaïque et un capital de départ entre 600 000 et 1 million d’euros par hectare.
Impossible pour beaucoup de faire ça en “solo”.
En contrepartie, l’installateur reverse un loyer au propriétaire du terrain. Or de nombreux agris ne sont pas propriétaires. Certains projets sont donc montés avec un partage de revenus entre agriculteur et propriétaire, mais ce n’est pas toujours le cas.
Par ailleurs, le montant du loyer à reverser n’est pas encadré ce qui peut amener à des écarts de rémunération important.
C’est une bonne situation ça, agrivoltaïculteur ?
Cela dépend de nombreux paramètres et les chiffres qui circulent sont nombreux et parfois contradictoires.
Pour chaque hectare loué, le prix peut varier de 2 000 à 4 000 € par an (2). Parfois ce prix est versé à 50 / 50 ou encore 40/60 entre le propriétaire du terrain et l’agriculteur exploitant. Mais, pas toujours. D’autres parlent de sommes allant de 5 000 à 8 000 €, allant parfois jusqu’à 10 000€ par hectare et par an.
Pour comparer, un agriculteur céréalier gagnait environ 2 000 € / hectare de blé sur l’année 2023. Les chiffres se basent sur une estimation de rendement à 9 tonnes de blé par hectare avec un prix de vente de 260€ la tonne.
Ces chiffres fluctuent bien évidemment en fonction du cours du blé, des crises climatiques, des récoltes, sécheresses et périodes de gel.
❓Les limites de ces projets
À chaque facette qui brille au soleil, une part d’ombre. Et pour l’agrivoltaïsme, on peut en compter quelques-unes.
Méga-projets vs petite exploitation
Les promoteurs poussent vers des méga projets agrivoltaïques de plusieurs centaines d’hectares.
Ce qui mettrait rapidement à mal, l’argumentaire des revenus complémentaires pour les agris puisque seulement quelques heureux élus en profiteraient. Christian Dupraz, spécialiste du sujet, préconise des projets de 3 à 5 hectares maximum.
Comme il le dit : « On peut faire 100 projets de 1 000 ha, je préfère que l’on fasse 100 000 projets d’un hectare pour que cela puisse profiter à plus de gens. »
Beaucoup d’appelés, peu d’élus
Dans la même logique, de nombreux agriculteurs ont déjà été contactés par des installateurs. Or les installateurs se livrent une véritable compétition pour “sécuriser” le maximum de terres. Il est très probable que finalement peu de projets soient menés jusqu’à leurs termes.
Par ailleurs, on l’a encore vu récemment, les agriculteurs et agricultrices sont dans des situations précaires et de crise. Une situation qui ne permet pas de négocier au mieux avec les promoteurs des projets. On pourrait assister à un accaparement des terres au détriment des espaces cultivés tout en ayant des contrats désavantageux pour les agriculteurs et agricultrices.
Agrivoltaïsme et transmission des terres
C’est une réalité.
Des terres peu productrices qui ne valaient pas grand-chose hier, valent désormais beaucoup plus car prospectées pour mettre en place une installation photovoltaïque.
Ce qui pose plusieurs problèmes :
Cela vient encore augmenter le prix des terres, déjà un problème pour l’installation de nouveaux agriculteurs et agricultrices.
Les propriétaires de terres ne souhaitent plus vendre leur exploitation tant que le projet n’est pas finalisé.
L’accès au foncier agricole se retrouve encore réduit pour les nouvelles générations.
Quels moyens sont disponibles pour investir dans l’agrivoltaïsme ?
Comme toute nouvelle technologie, l’agrivoltaïsme a ses défauts et ses avantages. S’il crispe autant qu’il génère de l’intérêt, c’est justement parce qu’il touche au milieu agricole.
Un milieu en difficulté mais pourtant si omniprésent dans notre quotidien.
À titre personnel, je pense que les technologies d’agrivoltaïsme vont se développer, mais plutôt sur des cultures spécifiques (fruitiers, serres etc.) qu’en grande culture. Et je l’espère, comme Christian Dupraz, sous la forme de petites centrales permettant à chaque exploitation d’améliorer ses revenus.
Je rappelle qu’investir, c’est aussi valider les modèles que l’on souhaite voir se développer. Chacun reste donc libre de définir ses critères d’investissement (ex: serre photovoltaïque OK, centrale au sol KO).
Alors voici quelques moyens pour participer à l’évolution de ce secteur :
S’exposer aux sociétés côtées du secteur de l’énergie solaire via un fonds sectoriel (ou un ETF) ou en sélectionnant les enterprises côtées du secteur dans votre portefeuille.
Côté fonds : plusieurs ETF existent chez Invesco, Han ou Global X
Côté entreprises : la liste est longue des constructeurs (FirstSolar, SolarEdge…) aux equipementiers (SMA, Huawei) jusqu’aux installateurs.
Rester à l’affût d’entrée en bourse ou de levées de fonds des principaux acteurs du secteur, on peut citer : Sun’Agri, Ombrea, REM Tec, Akuo, TSE, OK Wind, Davele, GLHD
Financer directement les projets de construction via les plateformes de financement participatif comme Enerfip (qui sponsorise cette édition) mais aussi Lendosphère, Lumo, Lendopolis…
Et je pense que l’on verra de nouvelles opportunités apparaître au fur et à mesure que ce secteur se structurera à l’avenir.
Clap de fin pour cette édition. Je pense qu’on n’a pas fini d’entendre parler de l’agrivoltaïsme.
De ses bénéfices mais aussi des dérives qu’il suscite déjà…
J’ai essayé d’en faire un portrait au plus juste mais les informations disponibles sont encore partielles et partiales.
Dis-moi ce que tu en as pensé juste en dessous 👇
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Merci pour ces éléments.
Avez-vous plus d’informations ou études sur l’impact potentiel de ces installations sur la biodiversité ?