Hello 🌳
L’hydrogène… Vous avez peut-être remarqué que ce mot est à la mode.
Bus à hydrogène, voiture à hydrogène et même avion à hydrogène, ce terme encore mal connu il y a quelques années (et que j’ai déjà répété 4 fois en 3 lignes) suscite beaucoup d’espoir pour un futur avec des transports propres.
Non je n’ai pas changé d’avis, je pense toujours que le vélo ou la marche devrait prendre plus de place au quotidien, mais soyons réalistes, ça ne s’applique pas partout. Par exemple, on ne va pas remplacer le fret de marchandise par des vélos.
C’est là que l’hydrogène peut-être une solution pour proposer des transports propres et décarbonés.
Mais, est-ce réellement l’avenir pour faire face à la fin des énergies fossiles ? L’hydrogène : un nouveau pétrole vert ?
Allez, on décortique tout ça ensemble. Sortez la blouse blanche et les lunettes de protection, on part sur une édition qui va vous rappeler vos TP de chimie.
PS : Vous êtes plus de 4000 réunis autour de ces sujets de transition et d’investissement ! Un grand merci aux abonnés de la première heure comme aux nouveaux ! Continuez à parler la newsletter autour de vous !
Let’s Go !
Gaël
C’est à nouveau cette période de l’année : la déclaration d’impôts. 📚
Pour rappel, voici les dates limites pour la réaliser :
- 23 mai pour les départements 1 à 19 et les non-résidents
- 30 mai pour les départements 20 à 54
- 6 juin pour les départements 55 à 976
Et comme on sait que c’est une véritable galère, Maëlle vous a concocté un super guide pour vous aider pas à pas dans votre déclaration. Fini la prise de tête.
On l’a appelé l’Office et il est dispo pour 69€
L’hydrogène une énergie à la fois fossile, bas carbone & renouvelable
Reprenons les choses depuis le début : l’hydrogène n’est pas un gaz, c’est une molécule légère qui est incolore, inodore, non toxique mais hautement réactive.
C’est aussi l’élément le plus ancien, le plus simple et le plus abondant présent dans l’univers : 75 % en masse et plus de 90 % en nombre d’atomes.
On le rencontre le plus souvent sous forme gazeuse (H2), les scientifiques parlent de dihydrogène, mais par abus de langage, on l’appelle aussi hydrogène.
Alors d’où vient la hype ?
L’hydrogène est ce qu’on appelle un vecteur énergétique, il permet de stocker l’énergie sous forme chimique pour la restituer sous une forme électrique grâce à une pile à combustible ou sous forme de chaleur via sa combustion.
Et c’est ça qui en laisse plus d’un rêveur.
La combustion d’1 kg d’hydrogène libère presque 4 fois plus d’énergie que celle d’1 kg d’essence et ne produit que de l’eau : 2H2 + O2 -> 2H2O.
Le seul problème c’est que ce gaz se retrouve rarement à l’état pur dans la nature.
On retrouve de l’hydrogène sous d’autres formes notamment dans l’eau (H2O) ou le méthane (CH4).
La difficulté et l’ambition actuelles sont donc d’être capable de casser ces molécules pour produire du dihydrogène.
Et pour cela, différentes techniques existent avec des coûts et une empreinte carbone parfois (très) grandes.
Parce que oui, dès qu’on aborde la question sous un angle écologique, on a tendance à parler seulement d’hydrogène vert mais c’est un vrai arc-en-ciel qui existe lorsque l’on creuse le sujet.
Et à ce jour, 95 % de l’hydrogène est produit à partir de sources fossiles avec le reformage de gaz naturel ou par gazéification de charbon de bois.1
Est-ce que l’on peut vraiment considérer que c’est une énergie in fine propre ? Pas vraiment.
Cette difficulté d’extraction et le procédé utilisé (chimique ou thermique) conditionnent l’empreinte carbone et catégorisent l’hydrogène comme étant fossile, renouvelable ou bas carbone.
Aujourd’hui, la production la plus propre reste celle qui utilise la technique de l’électrolyse qui vient séparer l’eau (H2O) en dihydrogène (H2) et dioxygène (O2) grâce à un courant électrique.
Point bonus si ce dernier est produit par des énergies renouvelables. En plus de ça, ce procédé à l’avantage de ne pas rejeter de CO2 dans l’atmosphère.
💡 Hydrogène Blanc : nouvel eldorado ?
Aussi appelé hydrogène natif, tous les regards (ou presque) sont tournés sur lui depuis 2020.
Pourquoi ? Tout simplement car il s’agit de poches “naturelles” d’hydrogène présentes dans des roches mères ou des fonds marins sous forme gazeuse.
L’intérêt ? Pas besoin de séparer l’H2 d’une autre molécule.On pourrait le "capter" directement.
Tout cela est à prendre avec des pincettes car ces poches naturelles étaient considérées comme inexploitables encore récemment.
[Sponsor] Comme on vient de le voir, si l’on veut de l’hydrogène bas-carbone, il va nous falloir de l’énergie bas-carbone.
Et justement, c’est la volonté d’Enerfip : Accélérer la transition énergétique.
Chaque semaine vous pouvez investir dans des nouveaux projets sur leur plateforme.
D’ailleurs, ce mardi c’est un projet en Espagne qui sera disponible :
La société Arena Green Power lève des fonds pour concrétiser ses nombreux projets et continuer à se développer.
Cette entreprise qui a commencé en réalisant des études techniques souhaite maintenant devenir un véritable producteur d’électricité indépendant.
C’est plus de 60 projets éoliens et photovoltaïques, répartis dans toute l’Espagne, pour une puissance totale de 4,3 GW qui sont prêts à voir le jour.
Le financement est prévu sous forme d’obligations simple pour un rendement brut de 9,5% sur une durée de 1,8 an.
Pour rappel, l'investissement participatif présente un risque de perte en capital et les rendements ne sont pas garantis.
Les avantages de l’hydrogène
S’il fait autant de bruit ces dernières années ce n’est pas pour rien.
Les ingénieurs étant par nature feignant, remplacer un carburant liquide par un autre, c’est “facile”.
Et l’hydrogène on sait déjà :
le stocker sur de longues durées
le transporter
l’utiliser pour restituer une majeure partie de l’énergie nécessaire à sa production directement au consommateur.
Tout en limitant les émissions.
Car l’hydrogène utilisé dans une pile à combustible, émet zéro émission à l’échappement, uniquement de la vapeur d’eau.
Dans le secteur des transports, on revient donc sur un système très similaire à celui que nous connaissons avec le pétrole (les émissions en moins).
Avec un réservoir à bord, un réseau de station, un plein en quelques minutes, etc.
Pour le secteur des énergies renouvelables, l’hydrogène est un moyen intéressant pour stocker l’électricité issue de sources intermittentes comme le solaire ou l’éolien lorsque la consommation n’est pas au RDV.
Les limites de ce nouveau pétrole pas si vert
Sur le papier, l’hydrogène a de quoi plaire, mais il fait face à plusieurs limites.
Une empreinte carbone pas si propre que ça.
Comme le souligne l’ADEME, avec une moyenne de 15 kgCO2e / kgH2, l'hydrogène est l’un des vecteurs énergétiques à l’empreinte carbone la plus élevée si elle n’est pas produite avec une source d’énergie propre.2
Comme expliqué au-dessus, tout dépend de la technique d’extraction utilisée.
Des prix encore élevés
Qui dit grosse demande en énergie dit prix élevés. Aujourd’hui, l’hydrogène qui coûte le moins cher à extraire est celui produit par vaporeformage (le “gris”) avec un prix entre 1,5€/kgH2 et 4 €/kgH2.
L’hydrogène bleu, extrait grâce à l’électrolyse de l’eau, tourne entre 7 et 8€/kgH2 mais peut varier de 3€ jusqu’à 14€ le kilo dans des conditions d’extraction difficiles.
Ces prix concernent seulement l’extraction et à cela il faut rajouter le prix de conditionnement et le prix de transport.
Pour donner un exemple, l’hydrogène distribué aujourd’hui en station tourne entre 9 et 12 €/kgH2.
Un véhicule léger consomme environ 1kgH2/100 km.3
Pour 600 bornes à 12 € le kilo, le prix du trajet sera donc de 72 €.
Une faible densité énergétique
À quantité d’énergie équivalente, il faut un réservoir plus grand pour l’hydrogène que pour du pétrole.
La raison à cela ? La densité énergétique de l’hydrogène est beaucoup plus faible que celle du pétrole.
En gros, l’hydrogène ça prend de la place, pour 1kg, il faut 11m3 à la pression atmosphérique.
On est donc obligé de le compresser à 350 bars ou de le liquéfier.
Deux solutions de stockage qui limite sa facilité d’utilisation.
En plus de cela, cette molécule se diffuse facilement à travers de nombreux matériaux. Il faut donc stocker l’hydrogène dans des matériaux non poreux et spécialement adaptés pour éviter les fuites.
L’hydrogène, ça fait boum
Dernière limite, et pas des moindres : la haute réactivité de l’hydrogène qui peut poser des problèmes de sécurité.
Vous avez sûrement déjà entendu de la catastrophe du 6 mai 1937 : l’explosion du plus grand dirigeable jamais construit, le Zeppelin LZ 129 Hindeburg. Long de 245 mètres, il contenait 190 millions de litres d’hydrogène. Gloups.
Bien évidemment, aujourd’hui les choses ont bien changé. L’hydrogène étant déjà utilisé dans des contextes industriels et professionnels, les risques sont mieux connus et maîtrisés.
L’hydrogène en France : état des lieux actuel et à venir
Oui, à ce jour les limites semblent peser plus lourd dans la balance que les avantages. Pour autant, ce secteur est en plein développement ce qui signifie que des progrès techniques sont attendus (extraction, stockage…).
C’est d’ailleurs ce qu’appuie la Stratégie Nationale Hydrogène (SNH) dévoilée en septembre 2020 et réaffirmée en 2023 qui souhaite décarboner le secteur industriel.
Pour cela, trois priorités sont mises en place :
la décarbonation de l’industrie avec l’émergence d’une filière française de l’électrolyse avec l’ambition d’installer 6,5 GW d’électrolyse d’ici 2030 pour 600kt/an d’hydrogène décarboné.
le développement d’une mobilité lourde à l’hydrogène décarboné avec un objectif d’économiser plus de 6mT de CO2 en 2030, soit l’équivalent des émissions annuelles de CO2 de la ville de Paris.
le soutien de la recherche, de l’innovation et du développement de compétences pour favoriser les usages de demain avec l’ambition de créer entre 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects.
Avec une enveloppe de 9 milliards pour le plan France 2030, l’État met les bouchées doubles pour accélérer la décarbonation de l’industrie française.
À ce jour, certains projets liés à l’hydrogène ont déjà vu le jour grâce aux dispositifs de France relance et France 2030 :
le financement de la recherche et du développement de l’avion à hydrogène via le CORAC
le déploiement de trains à hydrogène qui a vu le jour en avril 2021 en Bourgogne France-Compté, Auvergne Rhône-Alpes, Grand Est et dans l’Occitanie.
L’avenir de l’hydrogène vert se situe surtout dans une utilisation raisonnée dans certains secteurs ciblés. C’est pour cette raison que le développement est soutenu par les pouvoirs publics dans les milieux de transport surtout pour les véhicules lourds (trains, bennes à ordures, poids lourds…).
Ce n’est donc que le début !
Comment miser sur ce secteur ?
Si vous aussi vous vous dites que ce secteur va exploser décoller, voici quelques pistes :
Bien sûr qu’il y a un ETF pour ça, comme le Global Hydrogen ESG d’Amundi ou l’Hydrogen Economy de VanEck.
Vous pouvez aussi sélectionner les entreprises phares du secteur comme les Français : Air Liquide, McPhy, Hydrogen de France, Lhyfe, HRS …
Attention que ça soit les ETF ou les entreprises mentionnées, leurs parcours de bourse est plutôt chaotique après une véritable hype post COVID et difficile d’anticiper un rebond sur ce secteur.
De nombreux projets, à des stades de développement plus ou moins avancés, passent aussi par les plateformes de financement participatif. On a parlé de Gravitricity dans la dernière édition de Circuit court qui veut stocker de l’hydrogène dans les puits de mine. Il y a quelques mois H2SYS avait réalisé une levée sur Wiseed.
Il faut donc rester aux aguets.
Conclusion
L’hydrogène, j’en entends parler depuis mes études d’ingé, comme LA solution pour remplacer le pétrole, un ancien patron de PSA en disait même que ça serait l’avenir de l’automobile…
Pour l’instant, nous n’y sommes pas mais avec les nouvelles normes d’émissions dans le secteur du transport routier et maritime, cette technologie pourrait enfin se démocratiser.
Toute une filière est à l’œuvre pour en faire une réalité.
Je suis curieux de savoir ce que tu as pensé de cette édition 👇
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS 1: Si tu souhaites être accompagné(e) dans tes investissements, réserve une consultation ici
PS 2 : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
👋
Gaël 🌳
⚠️ Et pour finir : Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Source Futura Science
Source ADEME - Kimpa
Source France Hydrogène
Bravo pour cette synthèse très claire sur l'hydrogène. Attention néanmoins à la cohérence dans les couleurs de l'hydrogène (chose pas aisée je l'entends avec les différentes versions qui peuvent exister): dans le tableau de synthèse issu de France Hydrogène, l'hydrogène bleu correspond au vaporeformage et non pas à l'électrolyse de l'eau comme tu le dis un peu plus loin dans l'article.
Par ailleurs, les trains à hydrogène en France ne sont pas déployés en France depuis 2021, mais ont été commandés par les Régions à cette époque et sont prévus en circulation fin 2025, début 2026.
Pendant toute la lecture de l article on voit que tu t y connaît vraiment et que tu n es pas là pour vendre des promesses irréalisables comme certains articles de journaux parus il y a quelques années... Vraiment bravo ! Ca fait plaisir a voir. 😁
Et puis on comprend pourquoi avec ta petite phrase de conclusion "mes études d ingé" 👌