Épinard 🌳#32 - Faut-il investir dans les usines à (bio)gaz ?
Hello 🌳,
On a les a vus se multiplier un peu partout en France, au détour d'un champ ou d'un chemin de campagne. Je parle bien sûr des méthaniseurs dont le nombre a été multiplié par 5 au cours des 10 dernières années.
Alors que le prix du gaz s'est envolé, n'aurions-nous pas ici une solution toute trouvée ?
Une solution qui permettrait de régler d’une pierre deux coups les problèmes :
de l’accumulation des déchets organiques produits par nos sociétés modernes
des émissions de GES
Regardons aujourd'hui de plus près cette technologie et les opportunités d’investissement dans ce secteur.
À la fin de cette édition vous comprendrez mieux :
Où nous en sommes dans le développement de centrales biogaz en France ?En quoi cette technologie a un intérêt environnemental, et ses limites ?Comment y investir ?
Mais avant de se lancer, surveillez bien vos boîtes mails dans les prochaines semaines, il va y avoir pas mal de changements du côté d’Epinard 🌳.
Oui je fais du teasing, mais j'ai vraiment hâte de pouvoir vous montrer ce qu'on prépare dans les coulisses depuis plusieurs semaines.
Let's go !
Gaël
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⚗ Méthanisation : l'usine à biogaz.
Avant de rentrer dans le détail des avantages et inconvénients de cette technologie, il me semblait important de revenir rapidement sur son fonctionnement.
Pour produire du biogaz, il faut en premier lieu des intrants (résidus de culture, déchets verts, boue d’épuration etc) que des bactéries vont venir “manger” dans un milieu dépourvu d’oxygène. En digérant, les bactéries vont créer du biogaz d’un côté et du digestat de l’autre.
Le digestat peut être valorisé en tant qu’engrais et épandu sur les surfaces agricoles.
Le biogaz lui peut être utilisé directement dans des centrales de cogénération permettant de produire de l’électricité et de la chaleur, ou bien épuré pour ne conserver que le biométhane qui peut être injecté directement dans les réseaux de distribution de gaz ou servir de carburant.
En France, les centrales de méthanisation ont connu un véritable boom au cours des dix dernières années.
Cette envolée est due à l’apparition de conditions favorables à ce type de projets avec l’autorisation d’injecter le biométhane dans les circuits dits de “gaz de ville” mais surtout à la mise en place de contrat d’achats permettant d’avoir de la visibilité sur les tarifs de revente pendant 15 ans (comme c’est le cas avec l’électricité).
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Un grand merci à Enerfip qui sponsorise cette nouvelle édition.
Je vous en avais déjà parlé puisque j’ai financé à titre personnel plus d’une dizaine de projets avec eux.
D'ailleurs, je rappelle que ce n'est pas les sponsors qui font la ligne édito, mais je suis toujours ravi de pouvoir en présenter un en lien avec le sujet abordé.
Cette année, c’est déjà plus de 100 millions levés pour des projets d’énergie renouvelables qui ont pu être financés sur la plateforme, mais aussi des projets liés aux économies d’énergie, à la mobilité ou encore à la reforestation.
Alors comment investir dans le biogaz ?
Bien sûr, parmi tous ces projets, il y en a sur notre sujet du jour : le biogaz.
En y participant, vous permettez aux porteurs de projets de financer tout ou partie de la construction des centrales de méthanisation.
Combien faut-il pour investir dans le biogaz ?
Les projets sont accessibles à partir de 10€.
Et ça rapporte ?
Les taux d’intérêt proposés en ce moment varient entre 7 et 8,5%. Une bonne manière de dynamiser son portefeuille si c’est ce que l’on souhaite.
Des frais pour les investisseurs ?
Aucun. Ce sont les porteurs de projets qui payent.
D’ailleurs, une campagne est justement en cours, en ce moment même, pour financer la construction d’une installation dans le Gers.
Cette future centrale produira du biométhane à partir d’intrants produits par les exploitations locales et l’injectera directement dans le réseau de gaz de ville local.
Intéressé.e ?
Vous pouvez créer votre compte pour ne pas rater les prochaines campagnes. Enerfip vous fera bénéficier de 30€ offerts une fois votre inscription validée.
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Pour rappel, l'investissement participatif présente un risque de perte en capital et les rendements ne sont pas garantis.
🌍 Biogaz & Environnement
Mais on n'avait pas dit que le méthane, c’était pire que le CO2 pour le climat ?
Si, si mais en réalité le méthane produit dans les méthaniseurs ne sort pas de nulle part.
La pratique usuelle est de laisser les effluents (fumier, lisier) ou les résidus de culture à l’air libre. Le méthane alors créé contribue directement au changement climatique.
Utiliser du biométhane, c’est 80% d’émissions de CO2eq que le gaz naturel fossile
Ainsi, la production de biométhane sur une ferme permet d’éviter une partie des émissions dégagées habituellement par les intrants quand ils sont stockés en plein air.
De plus, selon Carbone 4 sur l’ensemble de son cycle de vie, l’utilisation du biométhane émet environ 5 fois moins que le gaz naturel fossile.
C’est pourquoi remplacer notre consommation de gaz par du biométhane est un bon moyen de réduire nos émissions.
Co-génération : Une utilité contestée
Pourtant près de 60% des installations de biogaz ne le valorisent pas en injection dans le réseau de gaz mais sous forme de co-génération.
Les produits finaux sont donc de l’électricité et de la chaleur.
Cela s’explique en grande partie par la distance entre les zones de réseaux de gaz (plutôt les villes) et les zones de production de biogaz.
Or notre mix électrique étant déjà largement décarboné, l’utilité est plus faible, mais pas inintéressante.
Et oui, le biométhane, ça se stocke, contrairement au soleil et au vent.
C’est pourquoi la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), prévoit une part croissante de l’utilisation de biométhane. L’objectif est d’atteindre 7% de tout le gaz consommé en France.
Intrants : la tentation de la culture
C’est une des limites des méthaniseurs.
Pour bien fonctionner, en plus des déjections animales, il est nécessaire d’apporter dans le digesteur des déchets végétaux.
Aujourd’hui, la grande partie de ses déchets végétaux provient de ce qu’on appelle les cultures intermédiaires. Des semis qui se font entre la récolte et le semi de deux cultures principales.
C’est plutôt positif, l’agriculteur à un intérêt économique à couvrir son sol et ces plants ont généralement un intérêt pour la qualité du sol.
Or, quand le prix du gaz est haut et le prix des céréales est faible, comme maintenant, économiquement il peut être plus intéressant pour un agriculteur de passer sa production alimentaire au méthaniseur plutôt que de la vendre.
Une dérive déjà constatée chez nos voisins allemands, ayant de plus grande capacités de méthanisation.
Fuites et pollutions
Ici comme dans toute entreprise industrielle, il y a les bons et les mauvais chasseurs exploitants. De par leur nature, les centrales de méthanisation sont à même de générer des pollutions de tous types : sonores avec de nombreux passages d’engins, environnementales avec des fuites de matières et olfactives avec le stockage des matières premières.
Concertation et vigilance doivent être de mise pour ces projets.
💰 Pourquoi investir dans le biogaz ?
Un contexte ultra-favorable
Le déclenchement de la guerre en Ukraine a coupé l’Europe de ses principales sources de gaz.
Nous poussant à nous tourner vers des approvisionnements plus lointains et surtout moins conventionnels comme le gaz de schiste américain.
La méthanisation ressort comme un moyen éprouvé et intéressant d’un point de vue environnemental de produire du gaz localement. Ce qui renforcerait notre indépendance énergétique.
Dans son scénario de développement durable 2018-2040, publié en 2020 (donc avant la guerre en Ukraine) l’Agence International de l’Energie (AIE) prévoyait une multiplication par 18 de la demande en biométhane en Europe :
De plus, l’Europe est aujourd’hui leader dans la production de biométhane.
Une opportunité pour nos entreprises de se développer à l’échelle internationale.
Une technologie mature avec des innovations à venir
La technologie dont je vous ai partagé le schéma en introduction est mature. C’est même la seule déployée à très grande échelle aujourd’hui.
Nous ne sommes donc pas face à un secteur où la technologie doit encore faire ses preuves. Ce qui d’une certaine manière limite les risques pour les investisseurs.
Cependant, il existe des expérimentations pour faire évoluer la technologie.
Que ce soit en modifiant les procédés technologiques avec par exemple de la pyrolyse, où on vient chauffer la matière organique, ce qui pourrait permettre d’utiliser du bois comme intrant.
Où encore la production de micro-algues fortement méthanogène pour servir d’intrants dans un méthaniseur classique, on résoudrait ici les conflits sur l’usage des terres agricoles.
Une activité gourmande en capital
C’est aujourd’hui le principal frein à son développement encore plus massif : construire une centrale de méthanisation coûte cher. Très cher.
Pour vous donner un ordre de grandeur, une centrale coûte entre 2M€ et 10M€ à construire.
Or les agriculteurs, qui représentent la majorité des porteurs de projets, sont souvent déjà fortement endettés.
C’est là qu’un investisseur à impact peut intervenir là où certaines banques seront plus frileuses.
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💸Comment investir dans le biogaz ?
La méthanisation étant un secteur à la fois mature mais encore en développement, il existe de nombreuses opportunités pour y investir selon le niveau de risque que l’on est prêt à prendre.
En voici quelques-unes :
Acheter du gaz avec des garanties d’origine
Et oui, si vous êtes raccordé au gaz, il est possible d’opter pour un fournisseur achetant son gaz auprès de producteurs locaux de biométhane, comme le propose Ilek.
Concrètement, le gaz que vous aurez dans vos tuyaux ne va pas changer, mais c’est une manière d’encourager la production locale.
Investir en actions
Cette fois-ci, je n’ai pas de fonds côté ou d’ETF à vous proposer sur cette thématique particulière, mais plusieurs entreprises cotées et accessibles via votre PEA ou PEA-PME :
Trois constructeurs et exploitants de centrales :
Waga Energy : un producteur indépendant de biométhane spécialisé dans la valorisation du gaz de décharge, s'appuyant sur une expertise unique en ingénierie gazière et une technologie brevetée
Methanor : une société spécialisée dans le financement et l'exploitation de projets d'énergies renouvelables, notamment la biomasse et la méthanisation
Agripower : une société spécialisée dans le développement d'unités de méthanisation. La société propose des solutions pour les collectivités, les groupements d'agriculteurs, les industriels de l'agroalimentaire, ainsi que pour les exploitations agricoles de taille intermédiaire, en se concentrant notamment sur la valorisation des effluents d'élevage.
Avertissement : Elles ont toutes subi de fortes baisses sur les derniers mois du fait du contexte économique. Si la hausse des taux continue, la baisse pourrait continuer.
Et une action pas encore cotée : Verdemobil Biogaz
Cette entreprise vendéenne qui valorise le CO2 coproduit lors de l’épuration du biogaz souhaite s’introduire en bourse sur Euronext Growth.
Les détails et date d’introduction ne sont pas encore disponibles : affaire à suivre.
Investir directement dans un projet.
Et bien évidemment, vous pouvez investir directement dans un projet de construction de centrale via les plateformes de financement participatif comme Enerfip (qui sponsorise cette newsletter) mais aussi Lendosphere, Lumo ou Lendopolis.
Et voilà, c'est la fin de cette édition sur une énergie renouvelable méconnue mais qui aura un rôle incontournable dans la transition énergétique en France mais surtout à l'international.
🙋♂️
Et toi, est-ce que tu as aimé cette édition ?
Pas Vraiment | Un peu | Plutôt | Beaucoup | Énormément
On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
👋 Gaël 🌳
⚠️
Et pour finir :
Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.
Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.
Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.