Épinard 🌳#31 - Le futur de l'immobilier est dans le bois
Hello 🌳,
Nos forêts ont un triple rôle à jouer dans la transition : capter le carbone, le stocker sous forme de bois transformé et directement remplacer les matériaux ou sources d’énergie carbonées.
Aujourd’hui, je vous propose d’analyser le rôle du bois dans le secteur du bâtiment, et comment ce matériau peut aider à réduire l’empreinte du 2ème secteur le plus émissif en France.
Regardons ensemble
🌍 L’intérêt environnemental de la construction bois
💰 Pourquoi investir dans le bois pour le bâtiment
💸 Comment investir dans ce secteur ?
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, pour ceux qui seraient sur Paris lundi 20 novembre, je vous invite à une soirée débat organisée par l’association FAIR qui porte le label Finansol.
J’y animerai les échanges avec plusieurs personnalités de la finance responsable et solidaire.
Objectif : répondre aux questions qui fâchent ! Ça va être top !
Pour s’inscrire, c’est par ici
On y va ?
Gaël
👋
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📰
Le résumé :
Le bois en tant que matériau de construction peut considérablement réduire l'empreinte carbone des secteurs de la construction et de la rénovation, avec le potentiel de transformer les bâtiments en unités de stockage de carbone.
Bien que le bois offre de nombreux avantages environnementaux, la gestion durable des forêts est essentielle pour équilibrer leur rôle de puits de carbone avec leur utilisation dans la construction.
La volonté de la France de réduire les émissions dans le secteur du bâtiment grâce à de nouvelles réglementations et normes stimule la croissance des matériaux de construction à faible émission de carbone et d'origine locale, le bois étant un point central.
La transition vers des pratiques de construction durables, en particulier l'utilisation du bois, ouvre diverses voies d'investissement, de l'achat de forêts au financement de startups dans la construction verte, en passant par la participation à des fonds thématiques ou ETFs.
🌲 Le futur de l’immobilier est dans le bois
Vous le savez, le secteur du bâtiment, c’est 23% des émissions de gaz à effet de serre en France, 2ème secteur le plus polluant après les transports.
Les deux postes les plus émissifs dans le cycle de vie d’un bâtiment, l’utilisation (coucou le chauffage) et la construction (coucou le béton) pourraient voir leurs émissions baisser par l’utilisation d’un même matériau : le bois.
Que ce soit pour des maisons individuelles ou pour la construction d’immeubles entiers (si, si), le bois fait son grand retour sur les chantiers.
Regardons ensemble ses avantages et ses perspectives de développement.
[Sponsor] Énergie Partagée : Financer des projets d’énergie citoyens & locaux
Merci à Énergie Partagée qui sponsorise cette newsletter !
Énergie Partagée c’est un mouvement citoyen et solidaire français, labellisé ESUS et Finansol, qui finance et accompagne des projets d'énergie renouvelable (solaire, éolien, hydroélectricité, bois-énergie, méthanisation, …). Leur spécificité ? Ces projets sont maîtrisés par des collectifs citoyens et des collectivités, au bénéfice de leur territoire.
Depuis 2010, grâce aux investissements de plus de 7300 citoyens actionnaires, près de 120 projets ont été financés à hauteur de 33 millions d’euros.
Énergie Partagée vous permet d’investir dans des projets d’énergie renouvelable avec un risque maîtrisé, puisque réparti sur l’ensemble des projets, et de promouvoir une transition énergétique citoyenne et locale. Énergie Partagée vise une rentabilité raisonnable ; l’action a pris de la valeur chaque année depuis 2017 (+4,9 % en 2022).
Chaque projet mené permet aux citoyens de reprendre le contrôle sur les moyens de production de leur propre énergie mais aussi d’interroger leurs habitudes et de réduire concrètement leur propre consommation d’énergie.
Envie de participer à ce mouvement ?
Si vous souhaitez rencontrer les équipes, ils organisent une table ronde suivie d’un cocktail convivial, ce jeudi 16 novembre à 18h30 à l’Académie du Climat à Paris, sur le thème : “Mon épargne : bombe climatique ou levier d’action ?"
🌍 Construction bois & Environnement
Que ce soit sous forme de bois brut (poutre, charpente) ou dérivé (lamellé croisé, panneau type OSB), le bois est capable de se substituer aux matériaux les plus émissifs et d’améliorer les qualités énergétiques d’un bâtiment.
Les études que j’ai pu lire confirment ce qu’on pouvait penser à première vue : le bois est un excellent matériau pour baisser l’empreinte carbone du secteur de la construction et de la rénovation.
Et voici pourquoi :
Ça pousse “tout seul”
Ça stocke le carbone
C’est intéressant d’un point de vue technique
Le bois pousse “tout seul”. Ça paraît bête dit comme ça, mais l’énergie dépensée par l’homme pour obtenir du bois de construction est très faible (comme pour le pétrole d’ailleurs). Comparé à d’autres matériaux, on obtient à masse équivalente des empreintes carbone qui varient du simple au trentuple.
Mais ce n’est pas tout.
Le bois stocke le carbone
Tant qu’il ne pourrit ou ne brûle pas, le bois continue de stocker du carbone pendant toute sa durée de vie. Nos bâtiments pourraient donc devenir, pour partie, des stocks de carbone.
C’est ce que montre la mini-analyse de “cycle de vie” suivante :
💡
Un mètre cube de bois stocke naturellement 700kg de CO2eq.
Pour être utilisé en construction, il est généralement transformé en lamellé contre-croisé (CLT : Cross Laminated Timber), cette transformation et le transport associé émettent environ 240kg CO2eq par mètre cube de bois.
Un mètre cube de bois transformé a donc une empreinte négative d’environ 460kg de CO2eq par mètre cube utilisé.
En comparaison, produire un mètre cube de béton émet environ 400kg de CO2eq.
Remplacer le béton par du bois permet donc de diminuer drastiquement l’empreinte liée à la construction d’un bâtiment.
Attention toutefois, cette “analyse” ne permet pas de conclure qu’en construisant à tour de bras des bâtiments en bois, on va décarboner la planète. Le stockage et les émissions n’ayant pas lieu au même moment, il y a un intérêt, si et seulement si, les forêts sont gérées durablement en parallèle.
Des propriétés techniques intéressantes
Le bois (principalement sous forme de fibres) a des propriétés thermiques intéressantes permettant dès à présent de s’adapter aux changements climatiques. En effet, l’hiver le bois est un excellent isolant et sa faible inertie permet de faire des économies sur le chauffage. En été, même s’il garde moins la fraîcheur, il permet d’évacuer plus rapidement la chaleur lors des périodes caniculaires.
Il présente également des bonnes qualités mécaniques, surtout si l’on prend en compte sa masse largement inférieure à celle de l’acier ou du béton.
Quelles sont les limites à l’utilisation du bois ?
La première et la plus évidente : un arbre abattu pour servir dans la construction, c’est un arbre de moins qui continue à capter du CO2 maintenant. Même s’il est nécessaire de réaliser des coupes pour maximiser le développement d’une forêt, si l’on veut maintenir leur capacité de puits de carbone, il faut absolument les gérer de la manière la plus durable possible.
La seconde : construire avec du bois et des matériaux biosourcés n’est pas une garantie d’un bâtiment écologique. C’est bien la performance globale du bâtiment qu’il faut mesurer.
Un bâtiment en bois mal isolé, et les émissions repartent à la hausse pour le chauffer.
Enfin, la dernière et peut-être la moins connue : l’entretien.
Le bois est un matériau “vivant” qui nécessite d’être entretenu et traité régulièrement (tous les 5 à 10 ans) pour lui garantir une durée de vie maximum. Or aujourd’hui, les produits pour repousser les insectes et les champignons ne sont pas spécialement écologiques et sont plutôt onéreux.
💰 Pourquoi investir dans la construction bois ?
Un contexte favorable
Comme le secteur du bâtiment est un des plus émissifs en France, c’est aussi l’un des plus regardé sur la réduction de ses émissions.
L’appareil d’Etat s’est mis en route pour pousser à la réduction des émissions du secteur. Les normes et décret le concernant font souvent la une de l’actualité : RT2012, RE2020, décret tertiaire, DPE, interdiction de location des passoires thermiques etc.
Ces efforts normatif et législatif commencent à porter leurs fruits notamment pour les constructions neuves.
Mais le plus grand chantier de France, celui de la rénovation des 5,2 millions de passoires thermiques, reste à la peine.
Si l’on souhaite respecter nos engagements pour rester sous les 1,5 degré de réchauffement, le nombre de mises en chantier devrait exploser dans les années à venir.
Créant ainsi un appel pour des produits bas-carbone et ou biosourcés.
D’ailleurs le Comité Stratégique de la Filière Bois estime que le poids du marché “entretien-rénovation-amélioration” pourrait à horizon 2050 atteindre 80% du chiffre d’affaires des entreprises du bâtiment contre 55% aujourd’hui.
L’utilisation du bois dans la construction est même l’un des 64 indicateurs de la planification écologique en France.
Une restructuration de la filière bois française en cours
Mais si le contexte est favorable, le secteur du bâtiment ne peut pas agir seul.
C’est bien une multitude de nouvelles filières industrielles locales qu’il faut créer afin de répondre à la demande en matériaux bois.
En effet, si la France possède la quatrième plus grande surface forestière de l’UE, elle continue d’exporter son bois brut et d’importer du bois transformé.
Le Comité Stratégique de la Filière bois estimait qu’il faudrait investir 6 milliards d’€ sur 5 ans (2021-2026) pour relocaliser et soutenir les filières bois (matériau, fibres, molécules, énergie).
De son côté, cette année la filière bâtiment dans sa proposition de feuille de route de décarbonation du cycle de vie du bâtiment, en fait un des leviers principaux : changer de standards pour un recours accru à des composants bas-carbone et à des ressources et solutions locales.
Les planètes s’alignent.
Mais attention à l’effet ciseau
Le bois est de plus en plus sollicité, et pas que pour la construction.
Notre société veut plus de carton pour remplacer le plastique, de bois de chauffage pour remplacer les chaudières fioul ou gaz etc.
Or il y a un équilibre à trouver entre satisfaire ses différentes demandes et maintenir le rôle environnemental essentiel des forêts françaises.
Surtout quand les conséquences du réchauffement climatique (sécheresses, incendies, tempêtes, ravageurs etc) se font déjà ressentir.
Pour garantir la pérennité des forêts, le CSF pousse pour des “actions planifiées de sylviculture active et de renouvellement forestier”.
Il estime qu’aujourd’hui les mécanismes d’évolution naturels des écosystèmes sont dépassés par la rapidité des changements climatiques.
Pour faire simple, il faut adapter en continu nos forêts en prenant en compte nos connaissances :
du changement climatique
de ses conséquences
de la résilience des différentes espèces.
Pas simple quand on hésite encore entre +1,5 et +3 degrés pour 2050.
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💸 Comment investir dans la construction bois ?
Même si le secteur de la construction va traverser une crise dans les prochaines années, je reste optimiste sur le secteur de la construction bois à moyen terme.
Évaluer l’impact environnemental des produits bois, réindustrialiser la filière localement ou adapter nos forêts face au changement climatique, tout cela nécessite des fonds.
Il y a donc des opportunités pour un.e investisseur.se souhaitant y contribuer.
En voici quelques-unes :
Acheter un arbre, une forêt ou un groupement forestier
Ici on investit directement (ou indirectement) dans la forêt.
On peut commencer par un seul arbre comme le propose Ecotree ou acheter sa propre forêt (les offres fourmillent sur société forestière et surtout sur Leboncoin) et même faire part d’un groupement forestier comme c’est le cas avec Cerf Vert ou France Valley.
J’ai réalisé ici un benchmark des différents investissements en groupement pour les abonnés premium.
Investir dans un fonds thématique, un ETF ou en action
Deux fonds sont leader sur la filière bois, ils sont tous les deux sur un périmètre géographique mondial.
Le premier est un fonds en gestion active : Pictet Timber, j’en avais parlé ici
Le second est un ETF géré par Blackrock : Ishares Global Timber & Forestry
Il est également possible de sélectionner directement les entreprises du secteur dans votre portefeuille comme Stora Enso, SCA ou encore Smurfit Kappa pour citer quelques-unes cotées en euros.
Investir directement dans les entreprises du secteur
C’était le cas de Vestia qui développe une offre de construction modulaire en partie en bois. Il y a également le groupe REALITES qui lance une nouvelle campagne de financement participatif.
Sur le volet données environnementales pour la construction, Carbon Saver propose des royalties sur la plateforme We Do Good.
Je m’attends à ce que ce secteur soit très dynamique dans les années qui arrivent. Comme d’habitude, si je vois une belle opportunité je vous en parle.
Et voici, c’est la fin de cette édition à la croisée des chemins entre immobilier et forêts, entre construction et décarbonation.
🙋♂️
Et toi, est-ce que tu as aimé cette édition ?
Pas Vraiment | Un peu | Plutôt | Beaucoup | Énormément
On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
👋 Gaël 🌳
⚠️
Et pour finir :
Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.
Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.
Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.