Épinard 🌳 #29 - Investir dans les océans : ça coule de source
Hello 🌳,
Le soleil brille et le mercure atteint des niveaux complètement WTF pour un mois d’octobre.
Une motivation supplémentaire pour aller plus loin, plus vite, plus haut dans l’engagement écologique.
Et il y a un sujet que je n’ai jamais abordé ici : l’eau.
J’ai beaucoup parlé de transport maritime, d’hydroélectricité mais jamais de l’eau en tant que telle, de son rôle pour le climat et de son statut particulier dans notre quotidien.
Il fallait donc que je décortique le sujet.
Je vous propose une première édition dédiée aux océans mais j’en prévois d’autres pour aborder les différents aspects de la gestion de l’eau.
À la fin de ce mail, vous aurez (re)découvert
🌍 L’importance des océans et l’état de cette ressource
💰Pourquoi et comment investir dans ce secteur ?
PS : en juin, je présentais (un peu moqueur) un vieux galion amarré à Bordeaux comme la solution pour le transport maritime. Ce mois-ci, c’est le Canopée, bateau à voile d’un nouveau genre, qui était visible des Bordelais. Pas mal non ?
On y va ?
Gaël pour la Team Épinard 🌳
🌊 Une planète pas si bleue ?
Dépassement de la limite planétaire sur l’eau douce, canicule marine, crise de l’eau à Mayotte, manifestations anti-bassine…
L’année n’est pas encore terminée mais déjà 2023 a supplanté 2022 sur l'actualité de l’eau.
Avant de revenir plus longuement sur les océans, je trouvais intéressant de partager avec vous quelques ordres de grandeurs :
72% de la surface du globe est recouverte d’eau
97% de l’eau sur Terre est salée
2,8% de l’eau disponible est de l’eau douce
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’eau n’est pas une ressource renouvelable : chaque goutte qui existera dans l’histoire de notre planète est déjà là.
👋
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🌍 Océans & Climat
Pour cette première édition, j’aimerais me concentrer sur les océans.
Déjà parce qu’ils représentent la majorité de l’eau sur Terre, mais surtout parce que j’ai l’impression qu’on sous-estime trop leur importance dans l’équilibre environnemental de notre planète.
Je vous préviens, le tableau n’est pas très joli à regarder, mais comme à mon habitude, je vais aussi donner quelques pistes pour améliorer la situation.
Les océans jouent deux rôles majeurs :
Régulateurs du climat
Dernière poubelle du monde
Océans : les régulateurs du climat
Les courants : régulateurs thermiques
Depuis toujours, les courants océaniques ont façonné les climats locaux en jouant le rôle de “régulateur thermique”. Le plus connu le “gulf stream” permet à l’Europe de vivre des hivers plus cléments que nos camarades d’Amériques pourtant situés à la même latitude.
Moins connu, les courants “El Niño” et “La Niña” dans l’océan Pacifique sont scrutés de près car ils modifient drastiquement les températures en Amérique du Sud mais surtout l’intensité des moussons en Afrique, en Inde et plus largement en Asie.
Les changements de températures et de salinité de l’eau (avec la fonte des glaces) de nos océans pourraient modifier profondément le fonctionnement de ces courants. In fine, ce sont les cycles météorologiques locaux qui seront déstabilisés.
L’océan, aspirateur à CO2
Depuis la révolution industrielle, l’océan s’est mis à jouer un nouveau rôle : Il stocke nos surplus de CO2. Sur les 40 milliards de tonnes de CO2 émises chaque année, l’océan absorbe environ 25 % des émissions anthropiques totales de CO2 depuis les années 1980.
Cette capacité n’est pas infinie et n’est pas sans conséquences sur la santé des océans (voir paragraphe suivant).
Si on imagine souvent les “aspirateurs” de carbone comme des forêts, la réalité en est assez éloignée.
Les conséquences du climat sur les océans
La chimie même des océans est modifiée.
Nous rejetons des quantités astronomiques de CO2 dans l’atmosphère.En s’y dispersant, ce gaz entre en contact avec la surface de nos océans et s’y dissout.
En réalité deux processus interviennent :
un chimique, où l’eau à basse température absorbe le CO2
un biologique, où le plancton consomme le CO2
C’est une bonne nouvelle, sans cela, le changement climatique serait beaucoup plus avancé.
La conséquence moins agréable : l’océan devient plus acide année après année.
Et les premiers à trinquer ce sont nos amis les coquillages et les planctons qui sont très sensibles aux variations chimiques de l’eau.
Pour les apprentis chimistes, voici un excellent article de Bon pote sur le sujet.
Les océans se réchauffent
L’eau absorbe beaucoup mieux la chaleur que l’air. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a plus rapidement froid quand on se baigne.
Sa capacité d’absorption est telle, qu’on estime que l’océan a absorbé environ 90% de l’excès de chaleur issu du changement climatique.
En conséquence, les scientifiques constatent l’augmentation du nombre et de l’intensité des canicules marines.
Si tu pensais avoir eu chaud en 2022 avec 33 jours de canicule, dis-toi que les poissons en ont encaissé 70 jours en Méditerranée la même année.
Les conséquences sont triples :
La biodiversité est mise à mal : avec des déplacements d’espèces fuyant la chaleur, accompagnés d’une surmortalité.
Les algues et les herbiers marins, de véritables puits de carbones eux aussi, meurent et relâchent le carbone accumulé.
Ces canicules renforcent localement des phénomènes météorologiques extrêmes.
L’océan, dernière poubelle du monde
Difficile de parler des océans sans évoquer la pollution.
D’une manière ou d’une autre une grande partie de nos déchets finissent irrémédiablement au même endroit.
Sans entrer dans le détail, la pollution plastique est telle qu’elle fait maintenant partie intégrante du cycle de l’eau.
Avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.
Pas folichon comme tableau, n’est-ce pas ?
Bon, j’espère que je ne vous ai pas complètement écœuré mais comme on dit : C’est au pied du mur, qu’on voit mieux le mur.
Passons maintenant du côté des solutions et des quelques pistes d’investissements envisageables.
💰 Pourquoi et comment investir dans les océans ?
-Traiter les problèmes à la source
-Financer les ONG sur le terrain
-Investir dans des fonds "bleus"
-Financer les entreprises du secteur
Traiter les problèmes à la source : Investir pour le climat & une économie plus circulaire
À la lecture du chapitre précédent, vous vous en doutez : toute réduction de nos émissions et de nos déchets en amont sera plus que bienvenue pour la santé de nos océans.
J’ai déjà évoqué dans cette newsletter diverses solutions, visant une baisse de nos émissions ou une plus grande circularité de notre économie, qui sont in fine positives pour les océans.
On pourra y rajouter toutes les habitudes que l’on peut adopter dans notre quotidien en tant qu’individu : zéro déchet, mode de vie peu émissif, limitation de la consommation de poisson etc.
💡
Le premier post de pollution en micro-plastique vient de votre machine à laver.
Deux solutions :
1 - éviter au maximum les vêtements en Polyester et/ou en Acrylique
2- Installer un filtre à micro-particules entre votre machine et le tuyau d'évacuation.
Les ONG à l’avant-poste
On ne peut pas parler d’investissement à proprement parler, mais la majorité du travail de fond est aujourd’hui réalisée par les ONG.
Que l’on parle de :
lobbying politique auprès des instances nationales et internationales comme peut le faire Bloom.
conception et mise en œuvre de moyens techniques pour repêcher le plastique par les équipes de The Ocean Cleanup.
campagnes d’informations et de ramassage de déchets sur les plages comme le propose Surfrider.
d’opérations coup de poing contre le braconnage et les pratiques de pêches intensives organisées par Sea Shepherd
Cette liste est bien sûr non exhaustive, mais peut être un point de départ si la philanthropie vous tente ou que vous cherchez de nouvelles associations pour vous investir.
Prendre des parts dans un fonds “Blue economy”
On compte de plus en plus de fonds d’investissement ou de Club Deal centrés autour de la mer.
Si l’objectif affiché est souvent une meilleure protection des océans, je vous conseille de bien lire les stratégies d’investissements avant d’y placer votre argent 😉.
En effet, les entreprises sélectionnées rassemblent des secteurs différents et plus ou moins engagés : de la création de cosmétique à base d’algues, aux énergies houlomotrices en passant par des projets d’usines à saumon ou crevettes.
Jusqu’à présent ces fonds étaient plutôt réservés aux “institutionnels” et donc difficilement accessibles pour les particuliers.
Mais au vu des montants levés, je ne serais pas surpris qu’ils soient prochainement disponibles via certaines assurances-vie.
Voici les deux fonds que je surveille :
Blue Ocean de SWEN Capital
Impact Ocean Capital de GO Capital
En club-deal, j’ai vu passer le Wiclub Economie Bleue de WiSEED, mais il n’est plus possible d’y accéder pour le moment. À surveiller également.
☝️
Volontairement, je n’aborde pas ici les fonds thématiques “water” qui eux sont accessibles dans différentes enveloppes car ils ne sont pas directement liés aux océans mais plutôt à la gestion de l’eau douce.
J’y reviendrai dans une prochaine édition.
Investir directement dans les entreprises qui s’engagent pour nos océans.
“Il y a un financement participatif pour ça” aurait pu dire Steve Jobs.
À chaque problème, un entrepreneur se creuse les méninges pour essayer de créer un nouveau modèle économique.
C’est vrai aussi pour l’océan.
Voici deux exemples de campagnes que j’ai vu passer récemment :
Earthwake : transformer les déchets plastiques en carburant.
Un projet qui semble un peu fou mais qui a le mérite d’avoir été pensé pour résoudre deux problèmes : l’afflux de déchets et les carences en énergie.
Techniquement, on utilise la pyrolyse pour transformer du plastique en carburant. C’est la réaction chimique inverse à la création du plastique.
Économiquement, cela permet de redonner une valeur au plastique. Il devient intéressant de le garder plutôt que de le jeter dans la nature.
La levée avait eu lieu l’année dernière sur WiSEED.
Poiscaille : pour en finir avec la surpêche.
Ici le modèle est plus connu : Poiscaille élimine les intermédiaires entre pécheurs et consommateurs.
Côté consommateur, un abonnement permet d’avoir accès à un panier du pêcheur, sur le même principe que l’AMAP pour les fruits & les légumes.
Côté pécheur, les prix de ventes sont supérieurs aux prix du marché et les abonnements permettent d’avoir une visibilité sur les finances que la pêche soit bonne ou moins bonne.
Côté impact, Poiscaille ne travaille qu’avec des pêcheurs aux pratiques vertueuses (pas de chalut, pas de drague) et uniquement avec des navires de petite taille.
La campagne est encore disponible pour quelques jours sur LITA.
Et bien évidemment vous pouvez vous tourner vers les entreprises qui favorisent l’utilisation de consignes plutôt que les emballages jetables (Le Fourgon, Uzaje pour ne citer que celles qui ont fait l’objet d’une newsletter).
💡
Pourquoi je vous parle également des campagnes passées ?
Parce qu'il s'agit d'entreprises susceptibles de relancer des campagnes au fur et à mesure de leur développement.
Raison de plus pour rester à l’affût.
Voilà fin des pistes d'investissement (pour le moment).
👋
Tu connais quelqu'un qui devrait connaître ces opportunités ? Partage-les !
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Voila pour ce Vendée Globe sans bouger du canap’.
Plus sérieusement, c’est un secteur que je scrute de près mais dans lequel je n’ai pas encore investi.
Attendez-vous à ce que je vous en parle dès que je vois les prochaines opportunités arriver.
En attendant, je m’impatiente de la démocratisation des fonds "Blue" et je me contente de ramasser tous ce que je vois trainer sur les plages 😅.
🙋♂️
Et toi, est-ce que tu as aimé cette édition ?
Pas Vraiment | Un peu | Plutôt | Beaucoup | Énormément
On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.